Annales des Mines (1836, série 3, volume 10)
Page : Image 269
Révision de 26 janv. 2015 21:58:39, edited by Anonymes
532
533
RECHERCHES
SUR LE MONT ETNA.
aucune d'elles n'a laissé une fraction considéra-
hies, et qu'on désigne sous le nom de cheires.. Les cheires les plus rugueuses, celles dont le désordre est le plus étonnant et qu'il est le plus difficile de traverser, sont celles qui se sont produites sur des
ble de la matière qui la composait, sur des pentes inclinées de plus de 7 à 8^.
Lorsque le mouvement de ces grands fleures de laves a commencé sur des pentes rapides, de 18 à 4o°, par exemple, il a présenté trois régimes successifs.
Dans la première partie du mouvement, la pente étant considérable, la lave a ruisselé torrentiellement, et les parties qui se sont refroidies à la surface n'ont formé que des lopins irréguliers, qui, après l'écoulement de la lave, sont restés sur le terrain, sous la forme d'une couche de scories à peu près incohérentes. Plus bas le fleuve de lave a rencontré des pentes
moins rapides, il a perdu de sa vitesse, et alors a commencé pour lm un régime nouveau; il s'est revêtu, par l'effet du refroidissement, d'une écorce, dont la partie extérieure a fini par acquérir une rigidité complète, tandis que la partie tournée vers
l'intérieur n'était encore que dans cet état pâteux et malléable, par lequel les laves passent, avant de se solidifier complétement. Cette écorce
en partie malléable opposait un obstacle au
mouvement de .la lave , et même elle formait souvent une espèce de grand sac, que la lave était obligée de déchirer ou d'allonger pour pouvoir avancer. Une lutte s'est alors établie entre la lave liquide qui tendait à s'écouler et l'écorce qui tendait à la retenir ou à l'entraver ; et de cette lutte sont résultées les contorsions que présentent ordinairement les laves, qui sont restées en nappes continues sur des pentes .un peu prononcées. C'est à cette lutte qu'est due l'âpreté des coulées qui couvrent des pentes un peu sensi-
pentes de 3 à 5°, apparemment parce que sur cette pente l'écorce de la lave pouvait déjà acquérir une assez grande épaisseur sans que la lave eût
encore trop perdu de sa vitesse, de sorte que la lutte qui s'établissait entre ces deux éléments avait alors son maximum de violence. L'écorce supérieure d'une coulée séparée de l'écorce inférieure et du sol sous-jacent par une certaine épaisseur de lave liquide ou au moins visqueuse , se trouve dans un état comparable à celui d'un glacier qui , ne pouvant adhérer au sol sous-jacent à cause de la fusion continuelle de sa couche inférieure, se trouve contraint à glisser. On verra, dans le tableau n° 4, que les plus
grands glaciers des Alpes, dont j'ai mesuré la pente avec soin, glissent, sur des longueurs qui sont quelquefois de plusieurs lieues., sur des pentes de 3 à 4° seulement. Sur des pentes de moins de 3°, la lave perdant
de sa vitesse , l'écorce a pris plus d'épaisseur, la résistance de cette dernière a pris le dessus, et la cheire a été moins tourmentée. Mais lorsque la résistance de l'écorce a complétement triomphé , un troisième régime a commencé, la lave s'est alors arrêtée; quoique liquide
encore, elle s'est refroidie sans se mouvoir, et elle a pris la forme basaltoïde que j'ai signalée en plusieurs points des bases de l'Etna, du Vésuve
et des volcans de l'Auvergne. Pour arrêter ainsi. la lave liquide il a fallu généralement que la pente fût de moins de 20. On a même vu en