Annales des Mines (1837, série 3, volume 12)
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DE NICOLAS BOURBON.
POEME SUR LES FORGES 14° ser notre entreprise., puissant arbitre du monde,,
toi le seul qui, avec un signe de tête, avec une parole, peut nous protéger, car tu es le dieu par excellence: accorde à un jeune enfant les forces
coupés par les bûcherons ; ils s'empressent de tout
examiner, et en prennent le nombre exact pour ne pas se tromper en rendant le charbon à mon père, et pour que mon père, de son côté , ne leur paye pas plus qu'ils ne méritent. Chacun ,se met ensuite à chercher une place découverte et entièrement sèche, car le charbon 'ne cuit pas bien sur une terre humide, et se ré--
et la raison nécessaires. Sur le territoire de...Vandoeuvre , est un endroit où se trouve ce que- nous nommons une forge; elle est placée sur les rives
du fleuve Lusa,- au milieu de prairies et près d'une tour élevée autrefois par des guerriers vandales, comme nous l'apprennent l'histoire et les vieux monuments ; c'est ce qui a fait donner le nom. de Vandoeuvre à cette terre, dont la partie limitrophe du pays e Langres a acquis une grande célébrité. C'est, dis-je, dans cet endroit qu'est pLeée la forge; mon père Bourbon ( et puissent les divinités bienveillantes me le conserver ! ) en
duit en cendres. Aussi l'ouvrier habile doit choisir
les endroits les plus élevés, et ne placer le bois que sur un sol complétement sec ; ensuite il .élève une pile de bois, amas immense, large et ronde à" sa base, et terminée en haut comme une pyramide. Bientôt après il couvre la partie extérieure de feuilles vertes de hêtre et de chêne , de cendres noires et épaisses; le bois qu'il recouvre . ainsi n'est plus exposé à l'air. Lorsque le moment où il veut mettre le feu est arrivé, il arecours à une ouverture étroite pratiquée en dessous et bien ménagée, qui découvre un passage communiquant au milieu du bûcher, et qui sert
dirigé les travaux. D'abord il choisit avec soin des ouvriers qui sachent .couper les arbres, supporter
une longue fatigue et manier la hache; il les
mène dans une forêt. Le rouvre, facile à fendre, le frêne sauvage et le 'frêne de l'autre espèce, l'yeuse , le pin et le hêtre, arbres qui servaient au chauffage chez les anciens , tombent en éclats sous les coups de la coignée. Toute la forêt en retentit; des amas de bois s'élèvent de tous côtés. Le bûcheron expérimenté épargne le houx, l'indocile mélèse , et le buis rebelle; car le charbon fait avec ces arbres ne peut jamais servir; et si on parvient à l'allumer, il pétille comme le bois de laurier, jette une flamme brillante, et s'éteint bientôt; l'ouvrage languit, et l'ouvrier bouillonne de colère. Lorsqu'on trouve que la quantité de bois abattue est suffisante, alors les habitants de
la forêt, classe d'hommes pauvre, mal vêtue, mais pourtant contente de son sort , et sachant
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endurer les fatigues, viennent faire pour ainsi 'dire le dénombrement et le compte des arbres
à introduire le -feu ; puis, quelques instants après,
il bouche hermétiquement cette ouverture au moyen de feuilles et de terre glaise ; le vent ni l'air n'y peuvent pénétrer. Le feu, cherchant à communiquer avec l'air, gronde sourdement
é
mais en vain dans l'intérieur, où ses progrès sont annoncés par un grand bruit. Des colonnes de fumée s'élèvent alors dans les airs , aussi épaisses et répandant une odeur aussi forte que celles qui sont exhalées par le Tartare, ou que le tourbillon que, suivant la renommée, Cacus, fils de Vulcain, vomit contre Hercule quelques instants avant de re-