Annales des Mines (1838, série 3, volume 14)
Page : Image 101
Révision de 5 mars 2015 12:02:29, edited by Anonymes
200
SUR L'ÀÈFINAGE DE LA FONTE
recouvre le tout de combustible frais, et donne le vent. Il bouche le trou de coulée avec de la terre grasse. Il laisse la fusion de la fonte s'opérer, sans travailler dans le creuset; il ajoute seulement du combustible et avance la gueuse quand il le
juge convenable. Il s'occupe aussi de préparer l'emplacement pour la coulée. Il égalise le sol devant le creuset et forme une petite digue demicirculaire avec du fraisil et des scories. On ajoute souvent à la fonte des scories provenant de 'Painnage comtois; la quantité qu'on en met est assez
variable. Les ouvriers prétendent que cela dépend de la nature de la fonte et de celle du combustible. ' Quand une quantité suffisante de fonte s'est rassemblée dans le creuset et que de nombreuses étincelles jaillissent au-dessus de la tuyère, l'ouvrier recule la gueuse, arrête le vent, et débouche le trou de coulée. La fonte et les scories sortent ensemble en bouillonnant, et remplissent l'espace préparé. L'ouvrier jette alors de l'eau sur la matière incandescente, et, à l'aide de son ringard, trace plusieurs raies parallèles pour diviser le gâteau de fonte mazée, et faciliter la séparation des scories qui en recouvrent la surface. Il retire les parties de fonte qui ont pu rester dans les angles du creuset, il remet du charbon frais, avance de nouveau la gueuse et redonne le vent. L'opération dure de 2 heures ; à 3 heures. La quantité de fonte rnazée obtenue est d'environ 25o kiloç,rr.
Un seul ouvrier' suffit pour là conduite d'un feu
de mazerie; il est aidé par un gars ou valet qui dessert en même temps un feu d'affinerie. Les outils employés sont un ringard en fer, un
PAR LA MÉTHODE NIVERNAISE.
20I
crochet en fer avec manche en bois, un crochet tout en fer, dont la partie recourbée est aplatie, une pelle en fer et un rable en bois. Par le refroidissement, le laitier qui recouvre le gâteau de fonte se divise en petits fragments, et se sépare facilement. M. Berthier (Ann. des mines, 1" série, tom. VII) a donné les résultats de l'essai et de l'analyse de scories obtenues par le mazéage nivernais. La quantité de fonte donnée à l'essai par ces scories varie de 4o à 57 p. Io°.
La fonte mazée obtenue est en plaques de
orn,o3 à oln,o4 d'épaisseur. Elle est blanche et très.
poreuse. Exposée à l'action oxidante du vent de
la tuyère devant laquelle elle tombe goutte à
goutte, et à celle des scories douces qu'on ajoute, la fonte par le mazéage se trouve purifiée d'une partie des matières étrangères qu'elle renferme, et subit un commencement d'affinage. Le déchet de la fonte dans le mazéage dépend de sa qualité et de la quantité de scories douces
qu'on ajoute. Il faut de l'a.,' oo à 1t"-,170 de
fonte brute pour obtenir i tonne de fonte mazée , soit it'n.,13o. La consommation en combustible est moyen-
nement de 42 hectolitres par tonne de fonte mazée obtenue. Aux forges royales de Guérigriv, on évalue à 18L,75 le poids de l'hectolitre de charbon provenant desbois de la Nièvre. Mais comme,
généralement dans les petites forges, on n'emploie que du charbon de qualité inférieure, tandis que la première qualité est réservée pour la fiision des minerais, nous admettrons 17 kil. pour le poids de l'hectolitre. Cela fait pour une tonne de fonte mazée 0una.,614 de charbon de bois.