Annales des Mines (1840, série 3, volume 18)
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GROUPE MONTAGNEUX
roche du mont Santa-Croce differe tout à fait des roches leucitiques du grand cône. Il y a , je dirai même, entre ces produits des contrastes de caractères très-frappants, et nulle part dans les autres volcans de notre pays on ne voit ce contraste si bien marqué. 20 Le massif de trachyte de Santa-Croce a la forme d'un cône parfait ; seulement il s'en éloigne un peu dans le sommet, où il se termine par une crête découpée, au-dessous de laquelle il y a un petit plateau irrégulier qui se prolonge vers le sudouest. Ce dôme s'élève très-majestueux au milieu du cratère : le pourtour de sa base est à peu près de trois quarts de lieue ; son élévation au-dessus de la plaine est de 33o mètres? Son sommet est
le point le plus élevé de tout le volcan : il se
trouve à la hauteur de 1,000 mètres ( mesure trigonométrique ) au-dessus de la mer. Le géologue le plus exercé à la vue des volcans
ne saurait trouver une trace de cratère sur la sommité de ce cône ; èt je dois avouer que, lors-
que je le visitai la première fois, j'aurais voulu
dans tous les cas y voir cette forme, niais cela ne me fut pas possible sans me mettre en opposition directe avec la vérité. Je fus obligé de le considérer comme un cône de soulèvement. 30 Mais ce qui a le plus frappé mon esprit dans le volcan de Roccamonfina , c'est la position du cône dont je vous parle. Dès nia première visite j'avais remarqué qu'il occupait le centre d'un grand cirque, ou du cratère primitif; niais je m'en étais tenu là sans faire aucun cas de cette circonstance. Postérieurement ayant examiné le relief de cette région exécuté par nos ingénieurs topographes,
DE LA. ROCCAIVIONFINA.
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j'eus occasion de faire avec eux la curieuse remarque que l'arête conservée du grand cratère (monte Cortinella) formait, comme j'ai déjà dit, un demicercle parfait, dont le centre venait tomber justement sur le sommet du cône de Santa-Croce. Cette remarque, à mon avis, est du plus haut intérêt, et elle peut nous donner la clef de l'origine de ce système montueux. Je dois aussi vous faire observer
que cette circonstance est d'autant plus digne de considération, qu'elle a été le résultat imprévu des opérations de nos ingénieurs, résultat auquel ils ne
songeaient pas, et qu'ils n'auraient pas même aperçu si je n'y avais pas appelé leur attention. En conclusion, on peut considérer le cratère de Roccamonfina comme un cercle parfait, dont le centre se trouve sur le sommet de Santa-Croce, et dont le rayon, comme je l'ai dit plus:haut, a la longueur d'un mille et un quart. La carte que je vous envoie a pour objet principal de vous faire connaître cette conclusion. Elle est la copie sur une plus grande échelle, à l'échelle du 4o,000e , de la carte dressée dernièrement par notre bureau topographique. Avant de passer aux considérations théoriques sur tout ce que je viens de vous exposer, je dois vous dire quelque chose sur les cônes parasites qui tien-
nent au grand cratère. Ces cônes sont placés en grande partie sur les flancs de celui-ci et sur la por-
tion de son arête qui a été abattue. Quelques-uns n'ont pas de traces de cratères dans leur sommet; il y en a qui sont composés d'un culot trachytique central (monte Feglio , monte di Casa) enveloppé d'un manteau de tufs et de conglomérats grossiers; le trachyte de ces cônes diffère beaucoup du trachyte