Annales des Mines (1840, série 3, volume 18)
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138 GROUPE MONTAGNEUX situation, quelles idées ne nous fera-t-il pas naître dans l'esprit? Nous avons d'abord à trouver la cause
de cette grande différence entre le trachy te dont cette montagne est composée, et les roches leuci-
tiques qui forment la charpente du grand cône. Cette différence est trop grande et trop sensible pour n'en pas apprécier la valeur; et je lerépète encore une fois, je n'ai vu nulle part dans nos 'vol-
cans un contraste aussi frappant entre leurs produits. En outre, nous avons à observer que les autres cônes parasites de Roccamonfina ne sont composés que de matières trachytiques, et qu'il y a absence totale de roches leucitiques , ce qui donne beaucoup plus de poids au contraste. De cette pre-
mière considération découle une conséquence toute naturelle, c'est que, dans la région dont je vOLIS parle, le grand cône della Cortinelict, et le cône central de Santa-Croce, tiennent à deux systè-
mes différents de formation, et que leur origine n'appartient pas à un même ordre de phénomènes géologiques.
La forme massive et conique qu'affecte le trachyte de Santa-Croce ne peut jamais nous faire pen-
ser que cette roche doive son existence à un cône cratériforme : elle ressemble trop visiblement à la forme des trachytes anciens pour ne pas la rapporter au même ordre de formation. On doit donc
nécessairement considérer ce cône comme un cône de soulèvement.
Enfin je passe à l'examen de la position de cette montagne. Nous avons vu que son sommet forme le centre parfait d'une enceinte demi-circulaire de montagnes. Or, après tout ce que je viens de dire, peut-on supposer jamais que cette
DE LA ROCCAMONFINA.
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circonstance soit purement l'effet du hasard? Ne doit-on pas plutôt croire qu'il y a un rapport intime entre cette circonstance et la différence minéralogique et géologique du cône de Santa - Croce et de la ceinture de montagnes de la Cortinella? Pour en mieux faire saisir l'esprit, oublions un instant cette différence de rela-
tion entre les deux montagnes; supposons, de prime abord, que la montagne Cortinellce ait formé primitivement un plan horizontal; concevons qu'une masse souterraine se soit soulevée au-
dessous de ce plancher, en le faisant céder et en
le relevant circulairement autour du centre de rupture, il est bien naturel de penser que le sommet de la masse soulevante correspondra vertica-
lement à ce même centre de rupture, et que le terrain soulevé formera une pyramide tronquée, dont l'arête sera équidistante de ce sommet C'est ,* justement ce qu'on observe à Roccamonfina. Au contraire, si nous supposons que l'origine du cône de Santa-Croce soit postérieure au relief de l'enceinte de la Cortinellct, quel hasard ne faut-il pas supposer pour concevoir l'élévation de ce cône dans un emplacement tel que son sommet formât le centre de l'arête environnante? Voilà donc, si je ne me trompe, une circonstance d'un très-grand poids dans la question des cratères de soulève-. ment ; et je vous prie, Monsieur, de porter votre attention sur les dimensions du cratère de Roccamonfina, parce que nous avons là un cercle dont
le rayon est bien considérable, et, pour cette raison, il est d'autant plus digne de frapper l'esprit. A présent, si on met en liaison ce fait avec tout ce que je vous ai exposé sur la structure géologique