Annales des Mines (1841, série 3, volume 19)
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THÉORIES DE LA CÉMENTATION
la brasque; enfin, pour un même degré de ténuité des fragments solides ainsi mélangés, la réduction
est d'autant plus prompte que la proportion de carbone est, plus considérable. On ne pourrait nullement conclure de ces faits l'efficacité du contact des solides mis en présence : on les explique,
au contraire, tout naturellement dans la théorie de l'intervention exclusive du gaz. Dans un pareil mélange, chaque fragment d'oxyde , quelque
ténu qu'on le suppose, est exactement dans
le même cas qu'un fragment d'un volume considérable plongé dans une brasque. Le nombre total de ces molécules est toujours un infiniment grand du premier ordre par rapport au nombre des molécules de sa surface, et un infiniment grand du deuxième ordre par rapport aux points en nombre fini, et même très-limité, par lesquels cette surface peut toucher aux fragments voisins de carbone solide : la réduction due à ce dernier contact est donc négligeable devant celle qui résulte du contact de l'atmosphère gazeuse ambiante. L'accélération qu'on remarque dans la réduction tient simplement à ce que la dimension de chaque fragment étant moindre, l'action du gaz peut se propager plus rapidement jusqu'au centre de chacun d'eux. Quant à l'influence d'une grande proportion relative de carbone, elle résulte de ce que l'acide carbonique qui sort à chaque instant des fragments d'oxyde, reprend d'autant plus vite la propriété réductive que le nombre des fragments de carbone interposés est plus considérable. 10. Le carbone
Cette explication des faits conduit à une quesassez curieuse, lorsqu'on la rapproche de l'o"Junon qu'on s'est faite jusqu'à présent sur le mode
est-il un réduetion tif pour les solides?
283 d'action du carbone solide : c'est celle de savoir si ce dernier réactif peut être réellement compté au nombre des agents réductifs dont la chimie peut ET DES FOURNEAUX A TUYÈRES.
disposer. Les faits exposés précédemment conduisent, ce me semble, à une réponse négative pour tous les cas de réduction où l'oxyde et le radical réduit conservent la forme solide. En effet, les moyens de division que nous pouvons appliquer aux corps solides sont tellement imparfaits, quand on en compare le résultat à l'état moléculaire propre aux corps fluides, qu'il est, en principe, tout aussi difficile de concevoir la réaction mutuelle de deux solides intimement mélangés, que celle de ces mêmes solides mis en présence en fragments d'un volume appréciable. Seulement les vues que je viens de présenter font trèsbien comprendre comment deux fragments de carbone et d'oxyde , qui paraîtraient être sans action l'un sur l'autre dans le temps nécessairement fini qu'on peut consacrer à une opération chimique, réagiraient au contraire complétement l'un sur l'autre, si, toutes autres choses restant les mêmes, on avait préalablement mélangé les deux réactifs à l'état de poudre impalpable. Les phénomènes que l'on observe dans la réduction des
oxydes qui, tels que ceux de chrôme , de ti-
tane, etc., sont réputés réductibles par le carbone solide et fixe ,et irréductibles par cémentation, me
paraissent offrir une confirmation frappante de ces vues théoriques : il me paraît que ceux de ces corps qui sont réellement réductibles ne sont point essentiellement réduits par le carbone, mais bien par une véritable cémentation qui s'effectue à la
fois avec une extrême lenteur sur une multitude de parcelles, et par conséquent, dans un temps