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Annales des Mines (1841, série 3, volume 20)

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MÉMOIRE SUR LES EAUX CORROSIVES

pas ainsi, l'action de l'eau corrosive s'exerce par places. Les parties de la chaudière en contact per-

manent avec l'eau sont seules attaquées d'une manière notable ; les parois du réservoir de vapeur

restent sensiblement intactes ; de même la partie inférieure des bouilleurs qui se recouvre toujours d'un dépôt fortement adhérent de su I fate de chaux,

se trouve moins attaquée que leur partie supérieure. Indépendamment de ces causes, il paraît que des différences de température, des différences de nature dans le métal qui compose la chaudière donnent à l'action corrosive plus d'intensité sur des points particuliers... Dans la chaudière de la carrière d'ardoises d'Avrillé , près d'Angers, qui a fait explosion en avril 184o , la partie inférieure des bouilleurs et la moitié supé-

rieure de la chaudière étaient intactes, toute la moitié inférieure de celle-ci avait perdu en dix-huit mois les de son épaisseur ; dans le voisinage des tubes de communication des bouilleurs, au point où aboutissait le tuyau d'alimentation, la tôle avait été réduite à t mill. d'épaisseur ; les tubes de communication avaient été eux-mêmes fortement at-

taqués. Enfin les portions des feuilles de tôle auxquelles étaient rivées les quatre oreilles destinées à faire porter le poids de la chaudière sur la

maçonnerie du fourneau, étaient considérablement amincies. On observe généralement que ce sont les tubes de communication et les parties

qui les avoisinent qui sont le plus rapidement détruites ; les calottes éprouvent également une grande altération. A la carrière des Grands-Carreaux, il y a quelques années , la calotte antérieure d'une chaudière s'est détachée pendant que la machine était au repos, à l'heure du déjeuner

EMPLOYÉES DANS LES CHAUDIÈRES A VAPEUR. 605

des ouvriers; elle a été projetée avec violence, a tué le chauffeur sur son passage et traversé ensuite un mur épais; on a toujours attribué cet accident à l'action corrosive de l'eau et à l'amincissement de la tôle dans le point où la déchirure s'est faite. Les rivets paraissent aussi se détruire plus rapidement que la tôle. Je n'ai pas eu l'occasion d'examiner des chaudières alimentées par des eaux corrosives et faites partie en tôle, partie en fonte; sans aucun doute cet assemblage doit produire

un fâcheux effet. Quelle que soit la cause de

cette inégalité d'action, elle doit être considérée comme un fait constant et rend encore bien plus nuisible l'action des eaux corrosives. La destruction des chaudières indépendamment des dépenses considérables et des pertes de temps qu'elle occasionne, peut être une source trèsgrave d'accidents. Le plus souvent, lorsque la tôle n'a plus assez d'épaisseur pour résister, il se fait une petite fente, et la fuite qui se déclare annonce qu'il

faut réparer la chaudière (1). Mais il peut arriver aussi que la chaudière soit corrodée de telle façon, qu'une fente ou plusieurs fentes se fassent à la fois sur une grande longueur, et que le reste de la tôle n'offrant plus une résistance suffisante, il y ait rupture de la chaudière, avec projection de ses

parties, sous une tension de la vapeur qui ne serait pas, supérieure à lu charge des soupapes de sûreté. C'est ainsi que M. Combes explique, avec

(1) Pour faire cette réparation, on coupe la partie usée et l'on met une pièce ; on a essayé quelquefois de réparer les chaudières en tôle de fer en y mettant des pièces et des rivets en cuivre, mais il se forme alors une véritable pile galvanique, et la tôle se détruit plus rapidement encore dans le voisinage du cuivre.