Annales des Mines (1842, série 4, volume 1)
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SUR LES SABLES DE MER
DE LA BAIE DU MONT-SAINT-MICHEL.
pendu de la présence du sel marin, il devenait évident que les craintes des cultivateurs étaient
Polytechnique, négligé la chimie : il fallut m'y remettre, dans une petite ville à cent lieues de la capitule, privé de toute espèce de ressource, ne trouvant pas même chez les pharmaciens un acide pur, pas une cornue ou un. ballon chez les marchands de verrerie , obligé de tout tirer de Paris, et d'interrompre quinze jours une opération commencée, lorsqu'un réactif venait à manquer. J'aurais vingt fois été tenté d'abandonner ce travail si je n'eusse acquis préalablement la conviction de son importance ; conviction que les résultats ont pleinement confirmée, comme la suite le fera voir. Enfin, après une année entière d'un travail assidu , je suis arrivé au résultat. J'eus cependant le bonheur inespéré de trouver parmi les habitants de la ville une personne qui, s'étant longtemps occupée avec succès de chimie
Fondées, car il 'est impossible de conquérir sans endiguer, et tout endigage , en empêchant la mer d'arroser le sable, le privait de sa principale richesse. S'assurer de ce fait devenait donc un point capital pour l'avenir des projets de desséchement. Tel fut le premier motif qui me porta à entreprendre l'analyse de cette substance; mais lorsque par suite de conversations avec M. l'ingénieur en chef directeur Dan de la Vauterie , et par une étude plus approfondie de la question , j'appris toutes les difficultés que présentaient les conquêtes sur la mer, tous les obstacles qui s'opposaient à leur conservation, toutes les conditions qui, devaient être remplies avant de les entreprendre; lorsque j'acquis la conviction que le seul
moyen d'arriver à des résultats utiles était de
favoriser les atterrissements , je reconnus l'indispensable nécessité de rechercher quelle est la riaturc de ce sable, comment s'en forme le dépôt, et
pourquoi il jouit à un si haut degré de la puis-
sance fertilisante. Toutes ces questions ne pouvaient être résolues que par l'analyse chimique d'un grand nombre de
tangues recueillies en divers points de la baie;
j'entrepris ce travail. Je ne m'étendrai pas sur les difficultés de tout genre qu'il m'a présentées z difficulté d'explera.-. tion par le risque d'être englouti dans les sables mouvants, ou surpris par la marée montante sur une plage presque horizontale que le flux envahit avec la vitesse d'un cheval au galop ; difficulté sur-
tout dans l'analyse. Comme la, plupart de, rues camarades, j'avais, depuis ma sortie de l'Ecole
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voulut bien s'associer à moi pour cette étude. Nous nous partageâmes le travail : mon collaborateur entreprit de résoudre la question d'utilité pratique de la tangue en agriculture-. Il analysa à. cet effet, un échantillon de cette substance jusque dans ses moindres particules , et lia les résultats de son creuset à une théorie fort ingénieuse de la végétation. Quant à moi, je cherchai à signaler les différences qui pouvaient servir à caractériser les diverses espèces de tangues, suivant les lieux où elles sont recueillies , bornant mes recherches aux substances constituantes dont la proportion dépassait les dix millièrnes; puis ,j'en ai déduit une théorie de la formation des alluvions dans la baie du Mont-Saint-Michel, théorie qui. doit servir de base au système de desséchement que je compte avoir l'honneur de proposer un peu plus tard.