Annales des Mines (1842, série 4, volume 1)
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DE DOURGNES.
PIERRES FULMINANTES
s'est fait plus longtemps attendre. Les grosses pierres détonent souvent plusieurs fois, et à chaque éclat il se sépare une certaine quantité de substance. Il arrive assez fréquemment que les petites ne détonent pas, quelle que soit *l'éleva-
tion de la température. Celles qui ont un diamètre de 25 à 3o millimètres produisent en général l'explosion la plus forte , et se brisent souvent alors en un grand nombre de fragments. En examinant ceux-ci , surtout sur des pierres d'un volume assez considérable pour détoner à diverses reprises, on reconnaît facilement que la force d'expansion se développe entre les couches. Il arrive fréquemment que le noyau et les couches qui l'environnent le plus immédiatement sont en quelque sorte énuclés de la manière la plus régulière.
L'explication de ce phénomène pouvait être
cherchée dans deux causes bien connues : on pou-
vait l'assimiler à. la décrépitation que produit dans certains sels, l'eau interposée entre les lames des cristaux. On pouvait encore le rattacher à cette décrépitation par retrait que présentent quelques terres alumineuses et les poteries mal cuites. Mais quelque desséchées que fussent ces pierres, elles ont toujours détoné de la même manière des fragments desséchés et jetés dans le feu se sont comportés de même. Il est vrai que l'eau est retenue très - fortement par les terres alumineuses et qu'on pourrait penser que la température à laquelle elles décrépitent peut seule la dégager en la vaporisant, et produit par là l'explosion; mais l'analyse m'a démontré que l'alumine n'entrait dans la composition de ces cailloux que dans des proportions trop faibles pour que cette hypothèse
eût quelque fondement. La même raison doit faire
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renoncer à l'attribuer au retrait que j'avais cru d'abord jouer un grand rôle dans la production du phénomène. D'ailleurs une expérience bien simple m'a démontré qu'il y était parfaitement étranger. Je cassai quelques pierres de manière à avoir des fragments larges et peu épais, que j'exposai à une chaleur rouge blanc. Après plusieurs essais infructueux, il s'en trouva deux qui résistèrent sans se briser, et après leur refroidissement je reconnus , en les rapportant au point d'où ils avaient été détachés, que la coaptation était aussi parfaite qu'auparavant. Lorsque les cailloux dont il s'agit ont été soumis à cette forte température, ils eprouvént des changements remarquables ; leur couleur rouge disparaît, et est remplacée par une teinte d'un blanc généralement grisâtre, noirâtre sur quelques points, qui paraissent correspondre à ceux où la matière colorante rouge était plus accumulée. Ce fait me fit soupçonner que cette matière pouvait bien être de nature organique, et en effet, en portant au rouge sombre et même à une température inférieure , une certaine quantité de poudre de ces pierres placées dans une capsule d'argent, je les vis noircir et se charbonner manifestement sous mes yeux. Dès lors je n'hésitai pas à regarder l'explosion comme due à la décomposition de cette substance. L'examen microscopique de fragments calcinés et de petites pierres qui avaient subi la même opération sans éclater, confirma pleinement cette manière de voir. Chez les uns et les autres les couches étaient séparées par des fentes bien visibles d'où partaient d'autres fissures qui, se portant à la