Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1842, série 4, volume 1)

AFFINAGE DU FER 620 le maître de forges, il s'en souvient toujours pour faire faire une large part aux éventualités. Enfin les usines bergamasques ne peuvent lut-

ter que péniblement contre la concurrence des fers anglais et styriens. Elles avaient autrefois le privilége d'alimenter l'Italie méridionale de fils de fer et de fers de charronnage. La supériorité des fers milanais les avait fait toujours préférer pour ces usages aux fers anglais malgré la grande différence de prix. Mais cette différence est arrivée à tel point dans l'Italie méridionale, où les fers an-

glais entrent presque en franchise de droits, que malgré leur infériorité ceux-ci tendent à chasser les fers au bois de tous les marchés des Etats Romains et du royaume de Naples. Pour le royaume Lombardo-Vénitien , il est soumis au système des douanes autrichiennes, et par conséquent les fers anglais, frappés à l'entrée de droits considérables, ne peuvent lutter que difficilement avec ceux du .pays. Mais en revanche ce système donne libre accès aux fers de Styrie et de Carinthie, qui font

aux fers bergamasques une redoutable concur-

rence. On s'explique aisément ce fait, quand on sait que le gouvernement autrichien réalise 5o p. o/o de bénéfice dans la vente des fers produits par ses usines, aussi bien en Styrie qu'en Hongrie et dans

le Banat. On est tenté au premier abord de taxer ce chiffre d'exagération; il est cependant fort exact,

et nous avons trouvé tous les chefs d'usines unanimes sur ce sujet, aussi bien à Vordernberg, et à l'Eisenerz en Styrie, qu'a Ressicza, Bochsàn, Vajda

Hunyad en Hongrie et en Transylvanie. Ce n'est pas le lieu ici de donner les raisons de cet état de choses , je citerai seulement quelques nombres à l'appui de cette assertion. Je prendrai deux cas ex-

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PAR LA MÉTHODE BERGAMASQUE.

trêmes

l'Italie industrieuse couverte de manufactures où les bras manquent, où le charbon augmente toutes les années de valeur; 2° le Banat qui est sans commerce,, sans industrie, où l'on trouve seulement quelques établissements métallurgiques appartenant au gouvernement, alimen.

tés par des forêts régulièrement aménagées; -- où le nombre des usines ne peut augmenter, parce

que les forêts sont toutes des propriétés de l'état qui en tire actuellement le meilleur parti possible. En Lombardie, le charbon employé dans les forges est en général du châtaignier mélangé en petites proportions, de hêtre, de sapin. Le prix moyen est de 6 fr. Go c. les i oo kilogrammes. Le même poids de fonte blanche lamelleuse d'excellente qualité, coûte 24 fr. L'ouvrier gagne, dans les usines, de 2 fr. 5o c. à 3 fr. par jour. A Bochsàn (Banat) ) on se sert pour le travail du fer, de charbon de hêtre, bien supérieur au .

charbon de châtaignier, qui coûte à l'usine

92 cent. les ioo kilogrammes, en supposant que le

stère pèse 200 kilogrammes. La fonte blanche grenue de lionne qualité, mais inférieure à celle du Milanais, revient à 6 fr. 25 C. le quintal mé-

trique. L'ouvrier ne gagne jamais au delà de 8o à 85 centimes dans sa journée. Il est vrai que l'opération de l'affinage diminue un peu ces énormes avantages ; car on se sert en

général en Hongrie de la méthode allemande, qui, telle que je l'y ai vu pratiquer, exige au moins deux fois autant de charbon, de temps et de main-d'oeuvre que la bergamasque.

J'ai dit que je prenais ici un cas extrême, et je ne prétends pas soutenir que les usines de Styrie et de Carinthie soient placées dans des conditions Tome I, 1842. 4l