Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1844, série 4, volume 5)

1°4

MÉMOIRE SUR LES LIGNITES

mêlé de cristaux, de sulfate de chaux; ces derniers cristaux sont dus à la réaction de l'acide sulfurique, sur le carbonate de chaux mêlé au charbon. Les terres pyriteuses ont été en partie détruites ; la mine est amincie. Si l'altération continue , tout le bitume est éliminé. Quelques parties d'ocre jaunâtre sont les seules traces de la primitive existence des pyrites. Il ne reste plus que du charbon sans bitume, très-

mélangé d'argile et d'eau. Le dernier terme de cette altération est la disparition de tout le carbone; un résidu argilêux jaunâtre tient lieu de la mine de combustible décomposée par une véritable combustion lente. Les parties de la mine ainsi attaquées prennent le nom de moulières. Les calcaires qui encaissent le charbon perdent eux-mêmes leurs pyrites, leur bitume, et une forte partie de leur carbonate de chaux est transformée en sulfate. Les bancs, auparavant durs et sonores, deviennent ternes , jaunes, et prennent une consistance plus ou moins molle. Les molécules sont

quelquefois si désagrégées, et le bitume si bien détruit-, que le calcaire devient blanc et friable comme la craie de Meudon. Ainsi, l'altération du charbon est annoncée par celle des calcaires qui les renferment; jamais de lignites éclatants et d'un beau noir, au milieu de calcaires ternes terreux et de grès plus. ou moins jaunâtres. Ainsi, tous les phénomènes observés soit dans les calcaires, soit dans les lignites des moulières, sont en connexion intime ; tous dérivent à la fois d'une combustion lente qui a oxydé les éléments

sulfureux et hydrogénés, et qui ne détruit entiè-

DES BOUCHES-DURHÔNE. io5 rement le carbone que lorsque la réaction est arrivée à sa dernière limite.Les précédentes lignes ont été écrites en 1839; M. Diday, ingénieur des mines des Bouches-duRhône , s'est livré, depuis cette époque, à quelques essais de laboratoire , qui ont entièrement confirmé nos observations et nos inductions. Les analyses dont nous parlons ont été inscrites

dans les Annales des mines, en 1841. Pour mieux faire ressortir nos conclusions, nous les mettrons sous la forme suivante Lignite de Beleodène. Alatières volatiles.

Charbon. ..... . I Oxyde .

Argile.

...... chaux, x

.

Non altéré (A)

Altéré (A').

00,4 45522

0,535 0,205

.

.

.

.

0,0i0 '

0,008 i

0,024.

=0,006 1,000

0,082= 8 cc 0,098=12 i3 0,200

0,020= 8 é

1,000

En comparant le lignite altéré A', à celui non altéré A, on trouve qu'il y a destruction de 187 parties de charbon, c'est-à-dire, les deux cinquièmes de ce que renfermait la couche, tandis qu'il y a eu augmentation de 176 parties de cendres; la partie terreuse a donc été multipliée par 8+ 1/3. Ces phénomènes seraient inexplicables, si l'altération avait été produite par un élément simplement gazeux. Il est évident que le carbone n'a pu être détruit que par des sels terreux oxydants, qui ont déposé leur base terreuse , tandis que l'oxygène de leur acide brûlait le carbone. On

est amené ainsi à attribuer à divers sulfites de chaux, de fer et d'alumine, que l'on trouve souvent mêlés au combustible désagrégé, l'altération du charbon. Pour connaître approximativement