Annales des Mines (1845, série 4, volume 7)
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RAPP RT Sur les causes probables qui ont déterminé la
rupture d'un essieu de locomotive , sur le chemin de fer d' Anzin à Abscon. Par M. COMTE, ingénieur des mines.
Le 14 mars dernier, l'essieu de devant de la locomotive l' Active, qui conduisait un convoi sur
le chemin de fer d'Anzin à Abscon, s'est rompu brusquement. Le machiniste est parvenu à arrêter assez promptement la marche du convoi, et cette rupture d'essieu n'a été suivi d'aucun accident. Nous avons examiné l'essieu brisé et fait une enquête, dans le but d'arriver à la connaissance des causes qui en ont déterminé la rupture. Cet essieu, sorti des ateliers de M. Halette, à Arras, présentait les dimensions que nous indiquons sur le croquis ci-joint, fig. ii, Pl. V). La section de rupture était normale à l'axe et placée à l'une des extrémités de la partie intermédiaire de l'essieu, à la naissance du bourrelet qui sert au calage. L'essieu lui-même examiné attentivement, quant à sa constitution antérieure, n'a présenté qu'un défaut de soudure relativement peu considérable. Les deux surfaces non sou-
dées affectaient la forme d'un arc de cercle
(fig. 12) et l'ouverture qu'elles laissaient entre elles avait sa eonvexité tournée vers le centre de l'essieu. Les parois de cette ouverture étaient hérissées de petites aspérités indiquant un coin-
RUPTURE D'UN ESSIEU DE MACHINE LOCOMÔTIVE. 179
meneement de cristallisation du fer. L'essieu, dans toutes ses autres parties., paraissait bien homogène.
A l'inspection de la section de rupture, on ne pouvait avoir aucune indication sur la nature du fer qui constituait l'essieu, parce que la locomotive avant marché quelque temps encore après l'accident, les deux parties de cet essieu avaient tourné l'une sur l'autre et acquis par leur frotte-
ment une sorte de poli. Nous avons donc fait briser l'une d'elles à l'extrémité de la fusée, de manière à détacher quelques fragments du boudin extérieur. Nous avons obtenu deux cassures fraî-
ches: dans l'une d'elles, le fer a présenté un peu
de nerf; dans l'autre, au contraire, de larges paillettes de deux millimètres au moins de largeur.
Ce fer n'était donc pas de très-bonne qualité; néanmoins, cette circonstance et celle du défaut
de soudure, ne suffisent pas pour expliquer la rupture de l'essieu. Il faut rechercher la cause de cet accident dans l'état de la voie sur laquelle la
locomotive circulait. Cette voie est établie sur dés en pierre, et présente, comme on le sait, des courbes de petit rayon; sa rigidité, résultant de son mode de construction, était encore augmentée par l'effet de la gelée, et de plus, cette gelée avait occasionné, surtout aux changements de voie, des différences de niveau, dont l'effet inévitable était de soumettre les roues et les essieux à des chocs fréquents; on trouve une preuve de l'influence de ces chocs dans le lait suivant, observé dans les mêmes circonstances que celles où la rupture de l'essieu a eu lieu : un assez grand nombre de roues appartenant à des wagons de