Annales des Mines (1845, série 4, volume 8)
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EXPLOSION D'UNE CHAUDIÈRE LOCOMOTIVE
ment de cinc[ ou six millimètres au moins, et l'on a vraiment de la peine à concevoir comment ce réservoir, que ne maintenait aucun tirant, a pu si
longtemps résister à l'action de la vapeur. A la longue, toutefois, la tenacité du métal se sera altérée, si l'on considère surtout.que de temps en temps il avait à supporter des tensions supérieures à la pression normale, et les déchirures auront pu
se produire sous l'influence de la pression ordinaire, de même qu'il arrive maintes fois à des essieux détériorés par un long service, ou quelque brusque choc, de se rompre dans le parcours de portions de la voie en très-bon état. Cette déchirure du réservoir aura été accompagnée de la projection du fragment que l'on a trouvé
à dix mètres environ de la voie, et elle aura été suivie de la rupture et du déchirement de la surface correspondante du cylindre extérieur. Ces divers effets sont d'une explication facile
Relativement d'abord à la projection du fragment détaché, l'ontrouve qu'en admettant même qu'il ait été lancé d'abord sous un angle de 700 avec
l'horizontale, il lui suffisait, pour arriver à une distance horizontale de Io mètres, que la vitesse initiale fût de 12,5o. L'on en déduit que l'expression du travail moteur nécessaire pour imprimer à ce poids de 24 kilogr. la vitesse initiale capable de le lancer sous un pareil angle de projection, à la distance donnée, serait à peine de 190 kil. Il suffirait, pour produire un pareil travail, qu'il se formât subitement derrière le fragment 1/100 de mètre cube de vapeur à 3 atmosphères. Or, en admettant même qu'au moment de l'explosion la tension intérieure ne dépassât pas celle de 3 atmosphères, et considérant que la chaudière ren-
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fermait au moins 2 mètres cubes d'eau, l'on trouvera qu'il a dû se former spontanément plus de 6o mètres cubes de vapeur, dont une très-faible partie seulement, en agissant sur le fragment détaché,l'a ura facilement projeté à la distance précitée.
La vapeur, ainsi produite, aura exercé de plus une action puissante, et sur les fragments du réservoir encore attenants au cylindre extérieur, et sur la surface correspondante du cylindre : or, cette partie se trouvait déjà fort affaiblie par le percement des trois grandes ouvertures destinées à faire arriver la vapeur dans le réservoir, et, sous l'influence de cette double action, elle se sera fa-. cilement rompue, suivant une ligne passant par les ouvertures, en même temps que la tôle se déchirait suivant deux sections droites, les fragments
se seront repliés des deux côtés en sens inverse, sans néanmoins se détacher de la chaudière. Ce déchirement, suivant des sections droites, 'est d'ailleurs d'autant plus fàci le à concevoir, que les fibres du métal étaient précisément dirigées dans le sens de la circonférence ; la tôle était, en outre, de mauvaise qualité, d'une soudure très-
incomplète, et il est véritablement déplorable qu'une chaudière de locomotive ait pu être fabriquée avec de pareils matériaux. Résumant les observations et considérations qui précèdent, l'on est conduit à établir les conclusions suivantes
I° La chaudière de la locomotive avait subi, dans l'origine, l'épreuve légale correspondante à une tension intérieure maximum de 3 atmosphères; mais depuis que cette épreuve avait eu lieu, elle avait reçu des modifications importantes, telles que l'addition d'un magasin de vapeur en