Annales des Mines (1845, série 4, volume 8)
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RAPPORT SUR LES MESURES DE SURETÉ
CHAPITRE II. De l'influence de l'état du matériel d'exploitation sur la sûreté des transports, et des mesures à prescrire sous ce point de vue.
Si l'état de la voie de fer et des éléments qui la composent peut avoir, ainsi que vous l'avez vu, Monsieur le Ministre, par les détails qui précèdent, une très-grande influence surla sécurité du parcours par chemin de fer, le matériel employé à l'exploi-
tation de ces chemins, c'est-à-dire les machines locomotives, les voitures et wagons employés aux
transports ne doit pas appeler d'une manière moins sérieuse l'attention de l'autorité supérieure.
On conçoit, en effet, sans qu'il soit besoin
d'entrer à cet égard dans de longs détails, que les
accidents les plus grands peuvent naître , soit d'une rupture d'essieu de locomotive ou de wagon,
soit du bris d'un ressort. Souvent il devra en résulter une sortie de la voie, et l'on sait que, sur les chemins de fer, les sorties de voie sont ce qu'il y a de plus à redouter. Sous ce rapport, la commission pourrait citer divers exemples dont quelques-uns sont présents encore au souvenir de tous; non qu'elle veuille prétendre que toujours, dans les circonstances auxquelles elle fait allusion , les ruptures d'essieu aient précédé le déraillement; mais enfin, toujours est-il certain que le bris d'un essieu , d'un ressort même, est une cause imminente de sortie de la voie , et qu'il faut dès lors tout mettre en uvre pour prévenir les accidents de cette nature. Une autre cause fréquemment observée aussi sur les chemins de fer peut quelquefois occasion-
APPLICABLES AUX CHEMINS DE FER,
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ner une sortie de la voie; nous voulons parler du mouvement dit de lacet, qui se manifeste souvent dans les convois en marche. Ce mouvement se produit surtout lorsque les roues étant armées de jantes coniques, les rails sur lesquels ces jantes doivent rouler, sont plats eux-mêmes. Il en résulte que la surface de la jante touche le rail tantôt sur son plus grand diamètre, tantôt sur son plus petit, et de là cette oscillation de droite à gauche, et de gauche à droite, à laquelle on a donné le nom de lacet. L'expérience a prouvé qu'en donnant à la surface supérieure des rails une certaine convexité; l'on parvenait à diminuer beaucoup le mouvement de lacet, et que l'on avait par suite l'avantage de réduire le frottement qui s'exerce entre le rail et le boudin des roues. Il n'y a plus en effet, pour ainsi dire, de contact entre eux, et l'on a pu, à raison de cette circonstance, donner à la voie un centimètre de plus de largeur environ, ce qui fa-
cilite beaucoup le passage dans les courbes. La commission ne peut, M. le Ministre, que signaler à votre attention ces légères améliorations qui ne doivent entraîner les constructeurs de che-
mins de fer dans aucune augmentation de dépenses, mais qui peuvent néanmoins diminuer de beaucoup les chances d'accidents auxquels sont exposés les convois de voyageurs. La commission ne s'arrêtera pas à ce qui touche
les procédés employés pour caler les roues, c'està-dire les fixer sur les essieux : ces procédés lui paraissent suffisants pour prévenir les accidents, elle se bornera à exprimer l'avis qu'il convient, pour assurer le centrage de la roue, d'emmancher l'essieu dans le moyeu de la roue, à frottement dur.
Tome VIII, 1845.
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