Annales des Mines (1846, série 4, volume 9)
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HISTOIRE DES ACIÉRIES
marques de fers à acier ont été rarement importées en France. Bien que depuis 1814 le tarif Irançais ait considérablement restreint le commerce des fers communs du Nord ; bien que récemment un commerce régulier de fers à acier ait été établi
en France, les fers du Nord importés pour la
consommation intérieure, se composent encore, pour les trois quarts au moins , de qualités inférieures, qui, en Angleterre comme en France, sont réputées impropres à la cémentation. Aujourd'hui même , malgré les faits précis que j'ai publiés en 1843, touchant le classement des fers à acier du Nord, on vient encore chercher des arguments dans la confusion que je signale. L'auteur d'une brochure que je réfuterai plus loin, opposant la pureté des fers à acier français à l'infériorité qu'il attribue aux fers suédois, croit pouvoir affirmer ce qui suit : « Les marques supérieures de Suède sont fabriquées avec du fer oxydulé en roche; les marques moyennes et inférieures sont obtenues avec des hydroxydes de » marais, renfermant souvent du phosphore. »
Cette assertion est complétement erronée : j'ai constaté, dans le voyage que je viens de faire en Suède, qu'il n'entre aucune trace du minerai des marais dans les mélanges employés pour la production des fers à acier; que ce minerai ne joue même qu'un rôle très-secondaire dans la fabrica-
Travaux de Ni-
229 dées en France sur la propension aciéreuse des fers indigènes. Certaines provinces trouvèrent que les expériences de Réaumur et de Grignon n'avaient pas rendu justice à la qualité de leurs fers : la Lorraine entre autres crut devoir protester contre les DE CÉMENTATION.
travaux de Grignon, parce que ce savant, après avoir fait l'épreuve de certains fers lorrains, n'a-
vait pas signalé cette province au nombre de celles où il lui paraissait désirable de créer des manufactures d'acier. Ce fut M. Nicolas, docteur en médecine, professeur royal de chimie de l'université de Nancy, qui fut chargé de rétablir, à l'aide d'expériences, la réputation des fers lorrains. L'extrait suivant de son ouvrage, publié en -,83, par ordre du gouvernement, me paraît très/
curieux à transcrire, parce que l'auteur, en rap-
pelant les protestations que faisait le bon sens public contre la stérilité des expériences officielles
présente une excellente critique des idées qu'il prétendait défendre : il est inutile d'ajouter que les recherches de M. Nicolas démontrèrent la haute propension aciéreuse des fers lorrains. « Nous sommes obligés d'avouer que les étran-
» gers nous ont devancés dans cette partie de la métallurgie. Els ont en quelque sorte créé un corps nouveau, en trouvant le secret de donner au fer des propriétés qui le transforment pour ))
ainsi dire en un métal particulier. En vain
tion des fers communs destinés à la consommation immédiate.
M. de Réaumur, en 1722, démontra-t-il la possibilité de convertir les fers de France en acier; en vain ce célèbre académicien exposa-t-il de
Cette époque de l'histoire de nos aciéries préencore une particularité curieuse et que je crois utile de mentionner, parce qu'elle caractérise parfaitement la vivacité des prétentions fon-
la manière la plus claire les moyens par les-
colas, professeur sente lorrain.
quels il y étoit parvenu ; toutes ses expériences, o
toutes ses démonstrations furent inutiles ; les étrangers continuèrent à jouir exclusivement