Annales des Mines (1846, série 4, volume 9)
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HISTOIRE DES ACIÉRIES
du fruit de leurs découvertes, et nous ne nous lassâmes pas de leur porter notre argent, en échange d'une matière qu'il nous eût été si faeile de nous procurer dans notre païs. Tel a toujours été l'effet de la prévention. Si, dans la transmutation du fer en acier, disoient les uns, la dépense excède le bénéfice, à quoi bon nous
livrer à un travail .infructueux? Que M. de Réaumur soit parvenu à faire de l'acier, cela peut être, disoient les autres; mais ce n'est pas avec des fers semblables aux nôtres. Ils sont trop aigres et trop impurs pour pouvoir acquérir les propriétés d'un acier fin. Voilà le pré-
jugé qu'il étoit d'autant plus essentiel de détruire, qu'il sembloit fortifié par le silence de » M. Grignon. En effet, dans le mémoire qu'il vient de publier sur la possibilité de convertir les fers du royaume en acier fin par la cémen» tation, il n'y parle point des fers de la Lorraine, quoiqu'il annonce en avoir tirés. »
s
» A peine les premières recherches sur la conversion en acier des fers de quelques provinces du royaume furent-elles connues de M. l'intendant, que, frappé des avantages que cette nouvelle découverte pourroit procurer à la province dont l'administration lui est confiée, en y créant une nouvelle branche d'industrie, il voulut bien me faire part de ses vues, et m'engagea à employer les ressources de l'art pour les seconder. Pour me mettre en état d'opérer, il me procura non-seulement des fers de toutes les forges existantes dans son département, niais encore des mines et castines, que j'ai soumises, en grande partie, à l'expérience. Le résultat de ces expériences a été que non-seulement le fer
CÉMENTATION.
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de la Lorraine, dont la fabrication sera soignée, pourra se convertir en acier de bonne qualité,
mais que quelque dépense que cette conversion exige, nous pourrions avoir cet acier à un
tiers meilleur marché que celui auquel les étrangers nous le vendent
»
Les deux grandes encyclopédies publiées dans la 2e moitié du t 7e siècle ne manquèrent pas de reproduire l'opinion dominante. L'article écrit par Diderot, en 1751, est remarquable en ce que le tableau qu'il trace de l'état du commerce de l'acier en France, s'applique encore à beaucoup d'égards à l'époque actuelle. J'en extrais les passages suivants: « ... Nos meilleurs aciers se tirent d'Allemagne et d'Angleterre. Celui d'Angleterre est le plus estimé par sa finesse de grain et sa netteté : lui trouve rarement des veines et des pailles... » ... L'acier de Rive se f'ait aux environs de
Lyon et n'est pas mauvais ; mais il veut être choisi par un connaisseur, et n'est propre qu'à de gros tranchants; encore lui préfère-t-on l'étoffe de Pont, et l'on a raison. C'est cependant le seul qu'on emploie à Saint-Etienne et à Thiers.
L'acier de Nevers est très-inférieur à l'acier de Rive; il n'est bon pour aucun tranchant ; on n'en peut faire que des socs de charrue. » Mais le bon acier est propre à toutes sortes d'ouvrages entre les mains d'un ouvrier qui sait l'employer. On fait tout ce qu'on veut .avec l'acier d'Angleterre. Il est étonnant qu'en France on ne soit pas encore parvenu à faire de bon acier, quoique ce royaume soit le plus riche en fer et en habiles ouvriers. J'ai bien de la peine
à croire que ce ne soit pas plutôt défaut d'in-
Opinion
de Diderot.