Annales des Mines (1846, série 4, volume 9)
Page : Image 141
Révision de 28 janv. 2015 13:10:12, edited by Anonymes
288
RÉFORME DU TARIF
production et la consommation intérieure, sans faire un appel aux pays étrangers.Nous pouvons,
je crois, aller au delà et prendre un jour une part active au commerce d'exportation par la » fabrication d'outils d'acier pur, etc. »
Le tableau des ressources propres aux forges
indigènes change tout à coup dès que l'on se préoccupe de,signaler les inconvénients qu'entraî-
nerait la modification du tarif, en ce qui concerne les fers à acier du Nord. Les forges au bois auxquelles, dans la thèse opposée, on assigne tant de motifs de supériorité, ne peuvent plus ici conserver même l'espoir de subsister la suppression du tarif pour les seuls fers étrangers que réclament nos aciéries serait pour nos forges au bois un arrêt de mort ; une simple réduction de ces droits leur serait funeste. La démonstration de ces assertions est surtout basée sur de longs calculs qui ne
se prêtent point à l'analyse ; ceux-ci d'ailleurs sont eux-mêmes fondés sur des chiffres qui, se rapportant tous à un avenir inconnu, ne peuvent être admis dans une discussion sérieuse. Je me borne en conséquence à y renvoyer le lecteur, qui reconnaîtra aisément que l'on ne s'arrête pas plus
dans cette direction d'idées qu'on ne l'avait fait dans la direction inverse. Enfin, on n'accorde même pas que la modification du tarif aurait les avantages qui semblent
devoir en résulter de la manière la plus immédiate; ainsi, le prix des fers du Nord ne baisserait pas sensiblement sur le marché français, parce que les fabricants étrangers dont les prétentions augmenteraient immédiatement , profiteraient presque exclusivement du changement effectué ; le consommateur n'aurait pas les aciers à
DES FERS A ACIER.
289
plus bas prix; de nouvelles aciéries ne s'élèveraient pas sur ceux de nos bassins houillers qui,
comme ceux du Yorkshire, sont à proximité des ports les mieux placés pour recevoir à bas prix les fers du Nord, et, dans une bonne économie sociale, ce résultat n'est même pas désirable; les Anglais ne permettront pas à nos fabricants d'acheter les meilleurs fers suédois; la qualité de nos aciers ne gagnerait rien à la mesure proposée qui n'aurait d'autre résultat que de substituer de mauvais fers du Nord à nos mauvais fers indigènes, etc.
Les personnes qui ont basé leur opinion et leurs paopositions sur des faits qui résultent de l'expé- Lesassertionsop. riences de deux siècles, ne sont-elles pas en droit pinoeséLs àtalrerirésr,°,nr-t elles-mêmes coude représenter à l'auteur que ses convictions l'en- tradicloires.
taaînent trop loin et qu'il lui serait vraisembla-
blement difficile de concilier, avec les règles de la logique, ces trois séries d'assertions ? Si un seul groupe de forges françaises est plus riche en mi-
nerais de fer à acier que tout autre groupe de
l'Europe ; s'il est facile d'y fabriquer à bas prix des qualités de fer supérieures à toutes celles qui sont produites dans les pays étrangers; comment une simple diminution du droit d'entrée sur les fers à acier du Nord pourrait-elle frapper toutes les forges au bois de la France qui, produisant .033.000 q.rn., ne livrent à la consommation des aciéries que 25.500 q. m.; comment surtout pourrait-elle anéantir jusqu'aux forges qui, dans les groupes des Pyrénées, produisent les 77.527 q. de fers que le tarif continuera à protéger? Comment, en second lieu, cette même éventualité se-
rait-elle à craindre, si les conséquences les plus probables de la mesure proposée, et , par exemple, Tome IX, 1846.
'9