Annales des Mines (1846, série 4, volume 10)
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168 SUR L'ÉCRASEMENT DES TUBES CALORIFÈRES
puisse imposer aux compagnies relativement aux tubes calorifères. Nous pensons d'ailleurs que c'est une question qui ne se reproduira. pas dans l'avenir; les fabri-
cants de chaudières ont appris par l'expérience qu'il faut donner au cuivre des épaisseurs plus considérables que celles qu'on avait employées en principe pour la résistance des triples pressions. Les appareils tubulaires qui se construisent aujourd'hui sous nos yeux offriront, nous l'espérons, toutes les garanties de solidité. SUPPLÉMENT AU RAPPORT CI-DESSUS, en date du 20 juin 18i0.
Le 1" juin 1846 , pendant un arrêt à l'escale de Portets sur la Garonne, la chaudière tubulaire du système Fol, placée à bord du Corsaire Noir, a éprouvé une nouvelle avarie, consistant dans le
déchirement d'un des tubes calorifères dans la partie supérieure non plongée dans l'eau. La compagnie propriétaire redoutant avec raison les conséquences fâcheuses de ces accidents
réitérés, a décidé que la chaudière du Corsaire Noir cesserait de fonctionner. Cette mesure est sage et prudente et rend inutiles les moyens d'ordre et de sûreté qu'il était du devoir de l'autorité de prescrire pour l'avenir.
Il est très-heureux que le déchirement des tubes n'ait produit jusqu'ici que l'extinction du feu ; et que la projection d'eau bouillante, qui a eu lieu chaque fois, n'ait atteint personne dans le local de la machine. Il est vrai que les chauffeurs et le mécanicien n'y ont échappé la dernière fois
DANS LES CHAUDIÈRES A HAUTE PRESSION.
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qu'en se sauvant précipitamment par toutes les ouvertures.
Il y a dans la chaudière du système Fol des
avantages, inhérents à ses dimensions en hauteur et à sa forme verticale, qui dégénèrent en inconvénients très-grands aussitôt qu'on en généralise l'application. Ainsi , placé à terre , on peut donner à l'appareil une grande hauteur, 4 à 5 mètres par exemple, alors la surface de chauffe se développe très-avantageusement par l'ascension naturelle de
la flamme; de là, économie de combustible et grande production de vapeur. Mais si on transporte ce même appareil sur un bateau , il devient nécessaire de réduire la hauteur à moins de 3 mètres, pour éviter l'élévation du centre de gravité
de la coque et par suite l'instabilité, les oscillations, etc., et la chaudière perd ses avantages parce qu'elle a perdu sa hauteur. Ici les inconvénients commencent : il y a une partie de l'appareil au-dessus du niveau (6o centimètres environ ) qui est toujours en contact avec la flamme; si la chau-
dière n'a que 3 mètres de hauteur le feu atteint aisément la partie supérieure des tubes, et se trouve assez intense pour les dilater violemment dans cette partie non baignée par l'eau. Là surviennent les déchirements du métal , les brûlures des tubes, etc. Le mécanicien du Corsaire Noir avait cru pouvoir éviter ces inconvénients en plaçant des sortes
d'entonnoirs en tôle dans l'intérieur et à l'extrémité des tubes comme un doublage artificiel destiné à les préserver du contact immédiat de la flamme. L'accident que nous venons de signaler a démontré suffisamment l'inefficacité de ce moyen.