Annales des Mines (1847, série 4, volume 12)
Page : Image 29
Révision de 4 déc. 2014 23:37:29, edited by Anonymes
4"..
56
SUR LES GLACIERS DU NORD
ET DU CENTRE DE L'EUROPE.
peut devenir très-petite comparativement à celle de la surface supérieure. Comme les glaciers se meuvent sous l'action de la pesanteur, il est probable qu'il y a une inclinaison mininum au-dessous de laquelle leur mouvement est impossible, les forces de frottement faisant alors équilibre à la gravité ; M. Hopkins a reconnu qu'une masse de glace qui fond à sa surface inférieure peut glisser sous des angles peu considérables; mais d'après ses expériences elle ne glisse sous un angle un peu inférieur à 10 (de que dans le cas où la table de grès qui la
supporte est unie, non raboteuse. Or, le
cas
d'un cube de glace glissant sur une table de grès unie et n'éprouvant aucun obstacle latéral, n'est pas tout à fait assimilable au mouvement des glaciers dont le fond est inégal et dont les parois, quelquefois très-sinueuses, présentent des étranglements et des élargissements; aussi je ne pense pas que la pente minimum du fond sur lequel peuvent se mouvoir les glaciers soit de beaucoup inférieure à i degré. Du niveau au_ Nous avons vu que le développement des glaquel peuvent s'a- ciers dépend de plusieurs circonstances, du cliles glamat, de la forme et de l'élévation des montagnes, ou bien de la superficie, de la disposition et de la hauteur des bassins glaciériques : il y a deux éléments qu'il est indispensable de prendre en considération, quand il s'agit d'apprécier le développement des glaciers ou leur importance relative, .
cbiaeirsos.er
ce sont leur étendue en longueur et le niveau auquel ils s'abaissent. Des glaciers très-puissants peuvent s'arrêter à des niveaux un peu élevés, si leur inclinaison est faible , tel est le glacier de l'Aar qui ne descend qu'a 1:85o mètres au-dessus
de la mer, quoique sa longueur soit d'environ 16 kilomètres ; cela tient à ce qu'un glacier qui
se meut sur un fond peu incliné avance en général plus lentement et principalement à ce qu'il a plus de chemin à parcourir pour s'abaisser d'une cer-
taine hauteur, 1.000 mètres par exemple. On
conçoit alors que ce ne sont pas les glaciers les plus puissants qui descendent' au niveau le plus bas ; ainsi de tous ceux que l'on connaît en Suisse et en Savoie, c'est celui de Grindelwald qui a l'extrémité la plus rapprochée du niveau de la mer, bien qu'il le cède en puissance à beaucoup d'autres; mais il a un trajet beaucoup moins long à parcourir, et il lui faut moins de temps pour arriver à un niveau de i.o5o mètres qu'a celui de l'Aar pour s'abaisser à 1 .85o mètres. En général, la consomption d'un glacier ne devient complète qu'au bout d'un certain nombre d'années; par conséquent, à égalité de puissance, celui qui se meut le plus vite et qui s'avance sur le sol le plus incliné devra s'abaisser le plus bas (I): on comprend ainsi que le glacier de Lodals, le plus grand de la Norwège,s'arrête à un niveau de 514 mètres,tandisquecelui deNygaard, qui a unelongueur
beaucoup moindre, descend jusqu'à 33o mètres.
Un autre fait rend sensible l'influence de la pente sur l'extension des glaciers : on voit, soit dans les Alpes, soit dans le nord de l'Europe, un grand nombre de glaciers s'étendre le long des gorges latérales jusqu'à l'endroit où ils débouchent
dans la vallée centrale, mais ils s'y avancent à (I) Les moraines superficielles qui couvrent certains glaciers sur une partie de leur largeur atténuent la dégradation qu'exercent sur eux les agents calorifiques extérieurs et leur permettent de descendre à un niveau plus bas.