Annales des Mines (1847, série 4, volume 12)
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368 SUR LA HOUILLE les gompholites et les conglomérats tertiaires. L9 sol de cette contrée ayant été très-bouleversé, il est fort difficile de pouvoir juger de la véritable superposition des couches, et on pourrait très-facilement croire à une supériorité de l'alberese sur les couches à charbon, erreur dans laquelle M. Pilla lui-même confesse être tombé autrefois ; mais toute incertitude doit disparaître devant les considérations paléontologiques et l'observation d'a utres terrains analogues et contemporains. Les couches carbonifères des Maremmes appartiennent donc évidemment aux terrains de sédiment supérieurs, et plus spécialement à la formation miocène. Ce qu'il y a de remarquable, c'est l'analogie qui existe entre ce terrain et le véritable terrain houiller tel qu'il se présente en Angleterre ; car non-seulement l'identité des roches, de leur struc-
ture et de leur disposition est frappante, mais l'analogie de leur origine est incontestable. Dans les terrains d'Angleterre on voit un mélange de coquilles marines et d'eau douce, des débris de végétaux terrestres; ici se trouvent également des fossiles marins (psammobia , buccin uni, mytilus, ostrea), et des coquilles d'eau douce (planorbis), avec des fruits de conifères, des feuilles de saule, etc.
Les deux dépôts, bien que d'âges fort différents, ont donc été produits dans des circonstances semblables et très-probablement dans des baies peu profondes, dans des espèces d'estuaires, où était l'embouchure de quelque grand fleuve, où surnageaient d'énormes tourbières. On voit donc que les mêmes causes ont pu agir (l'une manière analogue à des époques très-éloignées l'une de l'autre, et que de la houille véri-
369 table a pu se produire dans un terrain plus récent ; DES MAREMMES DE TOSCANE.
ce que du reste M. Pilla faisait déjà remarquer dans la séance extraordinaire de la Société géologique de France de 1839, à Boulogne-sur-Mer (1),
et dont on a des exemples dans le terrain jurassique d'Obernkirchen, dans la Hesse, qui depuis des siècles fournit de houille tout le Nord de l'Al-
lemagne, et dans les terrains jurassiques et les grès verts d'Entrevernes , Bottingen , Gersten en Autriche, Carpona clans l'Istrie (2). D'ailleurs l'aspect et les propriétés de la houille sont bien loin d'être une anomalie restreinte au combustible des Marem mes. Ces caractères, ces formes,
cette nature des roches qui nous rappelle les terrains plus anciens, sont le phénomène ordinaire qu'on observe à chaque instant dans le sol de l'Italie, et ce n'est qu'un nouveau fait à ajouter à tous ceux qui nous prouvent les grandes différences de composition, de gisement, de facies, en un mot, que présentent les formations contemporaines des cieux côtés des Alpes. C'est que les feux souterrains
qui, dans le Nord, n'ont agi que sur la partie inférieure de la croûte terrestre, ont manifesté ici leur puissance jusque dans les étages les plus supérieurs.
La houille de Monte-Bamboli est donc un fait nouveau dans la science, et un fait d'une grande importance, car il nous montre que ce combustible a pu être produit dans des terrains bien supérieurs aux véritables terrains houillers; ce qui est en opposition avec les idées généralement reBulletin de la Soc. géol. de France, t. X, p. 419. Boué, Guide du géologue voyageur, t. 1, 3° partie, chap. I , 5 11.