Annales des Mines (1848, série 4, volume 13)
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INTRODUCTION.
la chimie prit en quelque sorte la haute direction
de toutes les recherches relatives à l'étude du monde physique. Rendant à la métallurgie le secours qu'elle en avait reçu, elle vint fournir l'explication scientifique d'une multitude de faits qui n'avaient jusqu'alors d'autre sanction que celle de l'expérience. En montrant les relations simples qui existaient entre ces Laits, elle permit de décrire
les phénomènes métallurgiques d'une manière plus satisfaisante que lorsqu'il fallait les présenter comme une suite de pratiques isolées. Elle permit enfin de jetet, ces solides fondements de métallurgie théorique que l'on trouve dans les travaux (le Berzélius, de Karsten, de Selfstrëcn ,etc. A dater de ce mon-lent, la chimie n'a cessé de prê-
ter à cette science un concours efficace.
Cependant, ainsi qu'il arrive presque toujours blir entre la chi .OrSq n'une voie nouvelle est ouverte .à l'esprit buDistinction fon(toncntale a élit-
nue et la métal main, on s'est exagéré en plusieurs cas l'influence lurgie.
que la chimie pouvait exercer, soit sur les sciences proprement dites, Soit sur d'autres nulles d'activité humaine; c'est surtout en ce qui concerne la métallurgie que cette exagération s'est fait sentir. En voyant la chimie expliquer si heureusement certains phénomènes relatifs à la production des métaux, sur lesquels l'attention des savants était depuis longtemps dirigée, les personnes initiées aux connaissances chimiques ont été peu à peu conduites à l'opinion qu'il en devait être de même dès à présent pour toute la métallurgie. On a donc souvent admis que les connaissances chimiques proprement dites comprenaient implicitement l'explication de tous les faits qui composent le domaine de cette science ; dans cet ordre
INTRODUCTION.
II
d'idées, on a présenté la métallurgie comme un corollaire de la chimie, ce que l'on a quelquefois exprimé en disant que la métallurgie n'est que de la chimie pratiquée en grand. L'observation attentive des ateliers métallurgiques ne tarde pas à révéler l'inexactitude de ce point de vue; elle démontre que les procédés de la métallurgie et ceux de la chimie expérimentale ne se distinguent pas seulement par l'échelle des opérations, mais qu'ils admettent en général des principes et des moyens d'action essentiellement différents. 11 Iii ut considérer en outre que la plupart des phénomènes physiques qui interviennent clans le travail des métaux ne sont connus jusqu'à ce jour que dans les fonderies où on les reproduit depuis un temps immémorial; en sorte qu'aucun
savant ne s'est encore tiouvé dans le cas d'étudier la connexion qui existe entre ces faits ordinairement fort complexes et les lois élémentaires des sciences physiques.
En résumé, bien que la chimie ait fourni de précieux aperçus théoriques sur certains faits métallurgiques dont la connaissance est usuellement
répandue en dehors des aieliers, on égarerait la science et l'industrie en affirmant que les connaissances chimiques actuelles renferment implicite-
ment toute la métallurgie. Cette opinion serait aussi stérile pour le progrès des arts et des connaissances humaines que l'a été pendant une lon-
gue série de siècles la théorie des quatre éléments.
Pour faire comprendre que la métallurgie est tout autre chose qu'un corollaire de la chimie, j'appellerai l'attention du lecteur sur les faits suivants.