Annales des Mines (1848, série 4, volume 13)
Page : Image 349
Révision de 1 déc. 2014 08:53:38, edited by Anonymes
694 CONSTITUTION MINÉRALOGIQUE ET CHIMIQUE
mière ligne, et qu'on peut regarder comme ses minéraux constituants.
L'étude de la roche sur le terrain peut seule suppléer à l'insuffisance forcée des descriptions ; à défaut de cette étude, on trouvera de nombreuses séries de syénite dans les musées de Besançon et de Strasbourg, ainsi que dans les cabinets de plusieurs géologues des Vosges, parmi lesquels on peut surtout citer MM. .1-logard, Carrière, Ernest Puton et Mareine. Au contact d'autres roches la syénite, de même que la plupart des roches des Vosges, perd de ses caractères et participe plus ou moins de la roche voisine: ainsi avant d'arriver au Saut-dé-la-Truite, en montant le ballon de Giromagny,, on trouve
une roche qui me paraît être de passage et qui rappelle certaines variétés du porphyre rhombique
de Norwège : elle est formée par le développement de grands cristaux de labrador dans une pâte grenue, légèrement rougeâtre, et elle se trouve au contact de la syénite et du mélaphyre c'est du reste aussi au contact de la syénite zirconienne (1) que le porphyre rhombique est développé en Norwège, et la grande teneur en silice
que j'ai trouvé pour la pâte s'accorde bien avec cette circonstance de son gisement car généralement la teneur en silice des roches granitoïdes diminue dans les Vosges, quand on approche des limites de leur formation ; si on admet qu'il en est de même pour la syénite zirconienne, il serait facile d'expliquer par une pénétration de la roche plus moderne dans la roche plus ancienne la for(1) Durocher. Études sur le métamorphisme. Bulletin de la Société géologique de 1846, p. 599.
DES ROCHES DES VOSGES.
695
mation du porphyre rhombique, la présence de
l'amphibole dans cette roche, tandis qu'elle ne se trouve pas généralement dans les autres mélaphyres , enfin sa teneur en silice qui est de 55p. o/o et par conséquent plus grande que ne l'est généralement celle des roches à base de labrador. Un fait d'ailleurs très-remarquable et sur lequel il importe d'insister, c'est que dans les roches de contact ou de passage, les cristaux de labrador du mélaphyre sont en plus petit nombre, et
ce qui paraît presque paradoxal ils sont quelquefois beaucoup plus gros que clans le mélaphyre lui-même. Indépendamment de l'exemple qui vient d'être cité j'en ferai connaître un autre
qui permet d'observer encore mieux ce fait : Près du Puix, au delà des Etangs-du-Bas, à la Bencifière, on trouve en effet quelques rares cristaux de labrador, très-bien caractérisés, ayant plus de centimètre de largeur sur 5 centimètres de longueur et qui se sont développés dans une roche verte paraissant devoir être rapportée au terrain de transition modifié. L'examen d'un très-grand nombre de variétés de la syénite peut permettre de déterminer indépendamment de toute idée théorique quel est approximativement l'ordre de leur formation ; il faut reconnaître cependant qu'a cet égard des erreurs peuvent être facilement commises à cause de la propriété qui vient d'être signalée, de laquelle résulte qu'un minéral peut se développer d'une roche plus moderne dans une roche voisine plus ancienne, postérieurement à la solidification de cette dernière et en affectant cependant dans ses cristaux des formes très-nettes.
Quoi qu'il en soit il m'a paru que tous les éléments