Annales des Mines (1848, série 4, volume 14)
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SUR LES ANCIENS LITS DE DÉJECTION
DES TORRENTS DES ALPES.
tonnoir. Ces diverses inégalités, dont l'intérieur est tapissé partout d'une épaisse végétation, constituent autant de petits bassins différents où se réunissent les eaux de pluie et de source. Il en résulte des cours d'eau torrentiels, la plupart intarissables, qui n'ont d'autre issue que des défilés très-étroits, ouverts dans l'assise de calcaire plus dur que le schiste qui borde immédiatement la vallée. Ces cours d'eau sont très-nombreux ; on en
ses sommités. De plus, on reconnaît que le volume des divers lits de déjection est proportionnel à rétendue et à la profondeur des excavations qui leur
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compte plus de vingt sur une longueur de 4 myriamètres , et tous, sans exception, coulent à leur sortie des gorges sur d'anciens cônes de déjection
parfaitement caractérisés, dont quelques-uns ont 1.800 à 2.000 mètres de diamètre. Toute leur surface est cultivée; on y a même bâti la plupart des villages que l'on rencontre sur la route de Grenoble à Pontcharra , tels que Donne, Le Versou, Lancey,, Villard-Bonnot, Brignon , Tencin et Goncelin (I). Les torrents qui le traversent sont en général bien encaissés , et ne roulent qu'une petite quantité de cailloux. Partout où quelques coupures artificielles permettent d'observer l'intérieur du sol, on voit qu'il est composé de débris de grosseur très-variée, plus ou moins arrondis, appartenant, les un S au calcaire schisteux qui constitue le versant et la base de la chaîne, les autres aux roches cristallines dont sont formées (1) Ainsi qu'on le verra par la suite, la plupart des anciens lits de déjection des Alpes supportent des villages. Il est probable que les habitations se sont groupées là plu-
tôt qu'ailleurs, à cause des avantages qu'offraient le voisinage de cours d'eau maintenant bien encaissés, et la facilité de communiquer avec l'intérieur des montagnes par le passage des gorges.
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correspondent. Ces deux faits prouvent jusqu'à l'évidence que ces excavations sont bien le résultat
d'une dégradation successive du sol opérée par les eaux atmosphériques, et que les lits de déjection ont été formés des matériaux produits par cette dégradation. Ce sont des remblais faisant suite à des déblais. De l'ensemble de ces observations, on peut conclure avec certitude que, sous le rapport du régime et de l'action érosive, les cours d'eau qui s'échap-
pent des gorges situées sur la rive gauche de
l'Isère ont subi une modification profonde. Autrefois ils charriaient une énorme quantité de cail-
loux et de détritus provenant de la dégradation de leur bassin de réception, et, en débouchant dans la plaine., ils les déposaient en les dispersant
sur une grande surface. Aujourd'hui ces mêmes
cours d'eau, loin de continuer leur ouvrage et d'accroître leur lit de déjection, les ont entamés pour s'y encaisser. Les cailloux qu'ils roulent à l'époque des crues sont en petite quantité et sont entraînés jusqu'à l'Isère.Leurs bassins de réception restent intacts , même après les plus grandes averses. D'où vient un changement aussi grand? Si l'on cherche d'abord pourquoi ces torrents ne charrient aujourd'hui qu'une petite quantité de cailloux, et ce qui fait que leurs bassins de réception , malgré la friabilité du sol et la roideur des pentes., n'éprouvent pas d'altération sensible, on le découvre bientôt à la seule inspection des lieux. Cela tient évidemment à la végétation épaisse et continue qui tapisse le sol dans ses moindre replis,