Annales des Mines (1848, série 4, volume 14)
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SUR LES ANCIENS LITS DE DÉJECTION
son intérieur, et formant bassin sur les flancs d'une chaîne de montagnes; 20 Une largeur suffisante de la vallée, de ruafière à ce que le cours d'eau qui coule au fond de celle-ci ne vienne pas baigner immédiatement le pied du coteau où s'ouvre la gorge. La première condition est nécessaire pour que
le torrent qui descend de la montagne ait pu, à l'époque où il charriait beaucoup de débris, les déposer en grande partie à l'issue de la gorge, tant à cause de la diminution brusque de pente que de la facilité donnée aux eaux de se répandre sur
une grande surface. Ln circonstance du boisement actuel du bassin de réception est essentielle pour que le lit de déjection soit complétement éteint. La seconde condition n'est pas moins nécessaire que la première. On conçoit, en effet, que si le cours d'eau principal qui coule au fond d'une vallée
est assez rapproché de l'ouverture d'une gorge pour recevoir immédiatement les galets qui en sortent, ceux-ci entraînés plus loin au fur et 4
mesure de leur arrivée n'auront pu, à aucune épo-.. que, s'accumuler sous forme de lit de déjection. ainsi que nous l'avons dit, les anciens dépôts dus aux torrents ont tons la forme d'une portion de cône en général bien caractérisé. Mais le degré d'aplatissement de ce Cône, ou, en (l'autres termes, l'ouverture de l'angle que l'axe fait avec les arêtes est très-variable suivant les circonstances locales. Si, outre que la gorge est resserrée et le changement de pente très-brusque, le bassin de réception est composé de roches dures et cependant faciles à désagréger à cause de l'interposition de quelques lits friables, les débris nombreux et volumineux que les eaux auront charriés autrefois se seront dé-
DES TORRENTS DES ALPES.
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posés presque en totalité à l'entrée de la gorge. Le cône est alors très-saillant et son angle trèsaigu. Si au contraire il n'y a pas une grande différence entre les dimensions du bassin de réception et celles du canal qui le fait communiquer avec la vallée, si la pente n'e-;t pas brisée, si le volume d'eau qui s'échappe de la gorge est considérable, si enfin les roches du bassin de réception sont fa-
ciles à réduire en boue ou en sable , toutes ces circonstances réunies auront fait que les détritus se
seront dispersés dans un rayon fort étendu. Le cône est alors extrêmement aplati, et souvent il est difficile de le distinguer des autres alluvions de la vallée. Entre ces deux cas extrêmes on conçoit qu'il doit en exister un grand nombre d'autres intermédiaires par l'effet de la combinaison
variée des circonstances que nous avons men-
tionnées. Puisque l'existence des lits de déjecticin éteints
est générale dans les Alpes, op, doit admettre, d'après tout ce que nous avons dit de leur cause,
qu'a une certaine époque ce vaste massif de montagnes a été entièrement dépouillé de végétation. Nous avons montré par des considérations géologiques que cette dénudation végétale est postérieure aux terrains tertiaires les plus récents , et qu'on ne peut la faire remonter qu'a l'époque de
la dispersion des blocs erratiques. Nous (levons ajouter qu'il existe des preuves directes que vers la fin dé la période tertiaire les Alpes étaient boisées. C'est ce qui résulte, en effet, de la déeouverte de nombreux restes de pachydermes et de ruminants, qui peuplaient alors cette chaîne de montagnes. Sans sortir du Dauphiné, nous rappellerons que les dents d'éléphants ne sont point