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SUR LES ANCIENS LITS DE DÉJECTION

dégradations atmosphériques. L'homme a paru ensuite dans cette contrée. A mesure qu'il s'y est multiplié, il a défriché le sol; d'abord celui des plaines, puis successivement celui des hauteurs. .Les flancs des montagnes étant moins protégés, les

torrents ont dû commencer à charrier des débris plus nombreux et à les déposer, sans atteindre cependant, à beaucoup près, leur premier degré de violence. De là les lits de déjection modernes qui sont venus en quelque sorte se greffer sur les

anciens, et qui malheureusement font chaque année des progrès incessants.

Aux faits déjà exposés, qui tendent à prouver que les -choses se sont passées réellement comme nous vencns de le dire, nous ajouterons une dernière considération _qui en est une confirmation remarquable. Si au commencement de notre pé-

riode géologique tous les petits cours d'eau des Alpes françaises avaient un caractère décidément torrentiel , c'est-à-dire que si, faibles ou complétement à sec en temps ordinaire, ils grossissaient subitement à la suite des pluies en charriant une quantité considérable de cailloux, nécessairement

les grands cours d'eau de cette contrée, tels que l'Isère, le Drac, la Romanche et la Durance, ont dû participer à un haut degré à ce caractère torrentiel et présenter un régime bien différent de

celui de nos jours. Ces rivières ont dû, à une époque antérieure aux temps historiques, divaguer

dans toute l'étendue de leur vallée; plus tard, elles ont dû s'encaisser naturellement lorsque les lits de déjection se sont eux-mêmes éteints. C'est en effet ce que l'observation indique de la manière la plus précise. Il est certain qu'à une époque im-

mémoriale le lit de l'Isère occupait toute la lar-

DES TORRENTS DES ALPES.

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geur de la vallée en amont de Grenoble. Cela est prouvé par d'anciennes berges encore bien conser-

vées qui existent sur les deux rives, à une hauteur et à une distance telles que jamais les eaux actuelles n'ont pu y parvenir. On observe de pareilles berges sur la rive gauche entre Pontcharra et Goneelin , et sur la rive droite entre le Touvet et la Terrasse. Une de ces berges, formée aux dépens de l'ancien lit de déjection de la Tronche, se voit tout près de Grenoble. Il v en a aussi en aval de cette ville sur le territoire de Saint-Egrève. Le fond de la vallée est composé de limon et de gra-

viers que tout annonce être très-modernes. Les blocs erratiques manquent à leur surface, parce

que, suivant toutes les probabilités, ils se trouvent enfouis dans leur sein. Le lit actuel de la rivière, quoique très-large encore sur certains points, est bien loin d'approcher de ses anciennes dimensions; les eaux se sont donc encaissées naturellement. Ce fait est surtout évident au-dessous de Saint-Gervais. La plaine qui s'étend en aval de ce village, entre Vinay et Cognin , est entièrement formée de cailloux roulés, parsemés de blocs erratiques, la plupart à moitié enfouis dans les sables et les graviers. Elle a été évidemment parcourue

autrefois par les eaux de l'Isère; mais aujourd'hui cette rivière s'y est creusé un lit profond et

étroit qu'elle occupe en entier à 4o ou 5o mètres au-dessous de son ancien iiiveau. Le creusement de ce canal est certainement postérieur à la dispersion des blocs erratiques. Il est à remarquer que l'Isère exhausse maintenant son lit dans certaines parties de son cours notamment en amont de Grenoble. Son régime a donc subi une nouvelle modification en sens contraire de la précé-