Annales des Mines (1848, série 4, volume 14)
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SUR LA SOUFRIÈRE 118 aux diverses fumaroll es qui ont fait donner le nom
de Soufrière à cette montagne. La majeure partie de la montagne et du sommet est, comme nous l'avons dit, recouverte de végétation; quelques roches trachytiques contrastent seules avec ce tapis de verdure. Un brouillard épais couvre constamment le sommet de la soufrière, et il est impossible, à une première visite,
de se former une idée nette de la configuration du sol, car le plus fréquemment on ne distingue rien à deux pas de soi, et souvent des pluies torrentielles vous forcent à une retraite précipitée, les anfractuosités des roches ne présentant qu'un abri insuffisant contre l'humidité qui vous pénètre. Sur trente ascensions faites en mai, juin, juillet et août, nous n'avons pas été une seule fois exempts de ces brouillards, qui s'élèvent subitement et enveloppent tout le sommet de leur épais rideau. Un levé de plan avec des instruments à lunettes ou à réflexion est tout fait impossible. La boussole seule peut être employée, et son usage exige encore les plus grandes précautions, car les pics trachytiques jouissent à un haut haut degré de la
propriété magnétique, et il arrive souvent qu'en appliquant l'instrument sur la roche même les pôles de l'aiguille se renversent complétement, pointe Nord se tournant vers le Sud. Le froid 'intense qu'on éprouve dans cette région et l'humidité considérable qui l'enveloppe seront tov jours un obstacle à toute exploitation, et, au dir.,e des gens du pays, ce n'est que pendant
une vingtaine de jours chaque année, et à des époques variables, que le ciel y est pur et qu'on peut jouir du vaste panorama qui se déroule sous
DE LA GUADELOUPE.
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les yeux de la crête des pitons. C'est, dit-on, en janvier, février et septembre que ces rares éclaircies ont lieu. La distance de la Basse-Terre au camp Jacob est de 5.675 mètres; celle du camp aux bains Beauvallon, de 1.365 mètres, et celle desdits bains à la soufrière, de 1.150 mètres ; la distance totale de la Basse-Terre à la soufrière est donc de 9.690 mètres en ligne droite, et, en suivant les sinuosités du sentier, elle est de 11.392 mètres. De la Basse-Terre jusqu'au pied de la soufrière, le sol est composé de coulées, de lapilli et de blocs doléri tiques ou trachytiques, dont le volume excède
rarement un mètre cube, sauf aux abords de la soufrière. Il s'y rencontre aussi des argiles jaunes
et rougeâtres, résultat d'éruptions boueuses. Ces argiles sont parsemées de petits cristaux de feldspath ryacolithe et de fer oxydulé titanifère en particules
très-ténues qui, rassemblées dans le lit des ruisseaux à la suite des grandes pluies qui délaient l'argile, y forment lin dépôt de sable noir et attirable à l'aimant. Ces argiles, d'une pâte très-fine et très-onctueuse, pourraient fournir la matière première à une ,ou plusieurs fabriques de poteries. Le noyau de la soufrière et les pics les plus éle-
vés qui la surmontent, sont formés d'un trachyte noir à pâte compacte, avec fer oxydulé titanifère tellement abondant qu'il réagit sur l'aiguille aimantée et renverse complétement les pôles de la boussole, comme il a été dit plus haut. Des dolérites granitiformes de couleur grise ou rousseatre se rencontrent dans la savane aux Mu-
lets, sur les flancs de la soufrière, ainsi qu'aux
Constitution géologique.