Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.
33o
RELATION DE LA DERNIÈRE
ÉRUPTION DU VÉSUVE.
immédiatement précédé de trois journées de sérénité parfaite. Au sortir de Naples, le Vésuve m'apparut accompagné de deux longues traînées d'épaisse fumée de couleur fauve, dont la plus élevée partait de la cime, et la seconde paraissait sortir en arrière des pentes opposées du grand cône; toutes deux se dirigeaient vers l'île de Capri où elles semblaient s'évanouir. Le soleil qui
entièrement sur la forme que prenait la fumée qui
venait d'apparaître sur 'l'horizon montrait à travers
la fumée son disque très-net, coloré d'une lumière rougeâtre qui permettait d'y fixer les regards. J'éprouvai quelque surprise en voyant que, malgré l'éclat du discine, cette lumière ne produisait point d'ombre. Je crois trouver la raison de ce fait dans la présence des sables qui, se trouvant mêlés aux tourbillons de fumée, formaient comme un voile épais de corpuscules opaques; et c'est pour cela que la lumière venant directement du soleil n'était pas plus éclatante que celle qui était reflétée par les autres points de l'horizon. Je ne sau-
rais mieux comparer, l'effet produit sur moi par ses pâles rayons, qu'à cette impression inaccoutumée qu'on éprouve pendant les éclipses totales du soleil, au milieu d'un jour serein, sous cette lumière incertaine qui fait croire, en plein midi que la nuit est proche. Arrivé 4 Résina, à peine, entré sur les sentiers du Vésuve, et hors du bruit de la ville, je pus entendre distinctement les explosions du volcan qui ressemblaient parfaitement 411 roulement du tonnerre. Aussitôt une explosion
terminée, une autre lui succédait. En montant les pentes du chemin, et dirigeant sans cesse mes regards vers le sommet de la montagne dont le bruit devenait plus distinct pour moi, à mesure que j'approchais, mon attention se porta parti-
331
s'échappait à chaque explosion. Elle n'avait en aucune façon l'apparence d'un pin, ainsi que l'ont décrit les historiographes qui, depuis l'époque de
Pline, ont parlé des grandes éruptions du Vésuve. Tout au contraire la fumée, sans s'élever beaucoup, suivait la direction du vent et s'étendait en une longue zône horizontale. Chaque éjection de pierres était en outre accompagnée, comme l'indique la figure 4, d'un dégagement d'épaisse fumée noire en forme de cône, lequel sortait du milieu des vastes tourbillons de fumée blanchâtre qui s'exhalaientcontinuellement, et s'y confondait après quelques instants. La plus forte colonne de fumée semblait venir du bord septentrional dit cratère; du milieu de ce cratère, et vers la base du cône intérieur déjà écroulé, il s'échappait, à des intervalles peu rapprochés, des tourbillons de fumée noire et aussi. très-épaisse. Sur le soir, en descendant le 'Vésuve, j'aperçus des sables partant des zones supérieures de la fumée, tomber dans la direction de Torre dell Annunziata, avec toute l'apparence d'une pluie qui s'échappe des nuages en se dirigeant vers un point éloigné.
Après avoir parcouru une grande partie de Atrio del Cavallo , jusqu'un peu au delà de l'endroit situé au-dessous de la Punta del Nasone , et précisément en face du canal dell Arena , je nie trouvai à quelques pas de distance d'un magnifique spectacle d'éruption. Étonné de me voir en ce lieu, seul avec mon guide, je lui demandai quel motif pouvait empêcher d'autres personnes d'y venir ; il me fit comprendre, chose qui n'était pas encore venue à ma pensée, que les curieux