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ÉTUDES
SUR LES TORRENTS DES ALPES.
D'après les documents que nous avons pu recueillir et d'après nos propres observations, une recrudescence dans l'action dévastatrice des torrents coïncide presque toujours avec quelque éboulement considérable de mede réception. nus fragments de rocher dans le bassin doit avoir On conçoit, en effet, qu'un pareil accident notablement pour conséquence immédiate d'augmenter fois, à la la proportion des cailloux charriés. D'autres accidentelle suite d'un défrichement ou par la chute d'une grande masse d'eau, un petit ravin se creuse dans le sein d'un terrain auparavant intact. Une fois formé, le ravin en attirant les eaux s'agrandit avec rapidité et se transforme en un torrent dangereux. Il arrive aussi assez souvent que les propriétaires de terres dominées par de grands escarpements encaissent les petits torrents qui en descendent. En concentrant ainsi les eaux, ils leur donnent assez de force pour transporter plus loin et en plus grande quantité les débris caillouteux. De là des ravages sur des terres cultivées situées au-dessous, et en général plus fertiles que celles peut que l'on a voulu préserver. Dans ce cas, on ne l'amélioraaccuser que la main des hommes. Quant à tion en apparence permanente que l'on remarque dans le régime de certains torrents, nous l'attribuons, en général, à l'action bienfaisante d'une longue suite de crues modérées. C'est un fait constaté par l'expérience que la longueur et la fréquence des pluies médiocres, qui peuvent occasionner le débordement des grandes rivières, n'ont pas la même influence sur les torrents. Il faut à ceux-ci des saisons sèches et des pluies d'orage. S'il survient une série d'années pluvieuses, un torrent pourra perdre ses habitudes de ravages, et, comme le lit se sera raffermi par l'accumulation des de gros blocs restés en place, cet heureux changement
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régime persistera même lorsque les circonstances météorologiques auront cessé d'être les mêmes. Cependant, hâtons-nous de le dire, la sécurité ne doit jamais être complète. Plus la période d'inaction d'un torrent a
été longue et plus il est terrible quand il en sort; car il ne peut en être tiré que par une pluie d'une intensité extraordinaire, qui finit tôt ou tard par arriver quand on embrasse un laps de temps considérable. La .Roise, torrent du département de l'Isère, dont nous nous occuperons bientôt, était resté soixante-quatre ans sans faire la moindre irruption , lorsqu'en 1851 il a failli engloutir le bourg de Voreppe et a couvert de ses déjections plusieurs hectares de terrain cultivé. Un torrent est comme un volcan, son repos est plein de menaces. Quelque ancienne que soit la date des derniers ravages, on doit craindre et se prémunir. MOYENS DE DÉFENSE QU'IL CONVIENT D'OPPOSER AUX TORRENTS A LITS DE DÉJECTION.
Les torrents à lits de déjection sont nuisibles de plu-
sieurs manières : d'abord ils enlèvent à l'agriculture une vaste étendue de terres cultivables, et en général ce sont les meilleures ; ensuite ils interrompent les com-
munications. Il est, en effet, impossible d'entretenir une bonne route dans une vallée dont le sol à la suite de chaque pluie un peu forte est sillonné de courants d'eau et encombré de graviers. Ce n'est pas tout : la surface des déjections étant bombée, elles maintiennent le torrent comme suspendu au-dessus du terrain environnant et lui donnent beaucoup de facilité pour se déverser, au moment des crues excessives, à droite ou à gauche, et atteindre à de grandes distances les terres cultivées , les habitations et même les villages. Quel-
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lits graves déjection.