Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.
192
RÉSIBVIÉ DES OBSERVATIONS RÉCENTES
5° Les crevasses longitudinales, qui sont propres à l'extrémité des glaciers peu encaissés ; 6° Les grands caveaux des champs de neige qu'on rencontre dans les hautes régions, là où les pentes deviennent roides ; 7' Les rimayes. (Bergschrund) , qui sont à l'origine des pentes de neige.
Tous ces types sont le produit d'une même cause. d'une tension vaincue. Cette tension provient du mouvement différentiel dont le glacier est animé ; la pression exercée sur certains points n'étant pas en rapport avec la résistance des couches, elles se brisent .et donnent naissance à des crevasses. Suivant l'observation de M. Guyot, les couches et les crevasses sont enfle elles à angle droit. Par suite de cette cause, les crevasses sont beaucoup plus nombreuses sur les points où les glaciers changent brusquement de régime ; Dar exemple, lorsqu'ils franchissent un escarpement à forte pente; lorsqu'un promontoire de roche en place ou un accident du fond, fait obstacle au débit normal; lorsqu'il existe un coude
ou un changement brusque dans la direction de la vallée. On comprend que toutes les fois que la résistance due au frottement n'est pas égaleMent répartie, la pression s'exerçant avec plus d'énergie sur un point que sur un autre, le mouvement est troublé dans sa régularité,
l'équilibre est rompu et les crevasses prennent nais-
sance. Suivant l'époque de l'année où on les examine, elles présentent un aspect tout différent ; au printemps elles sont peu développées, mais à mesure que la saison s'a-
vance, la fonte superficielle faisant des progrès, elles s'élargissent, elles deviennent quelquefois des gouffres béants, leurs parois se transforment peu à peu en ai-
-SUR LES GLACIERS.
19'5
guilles ; dans cet état elles rendent l'exploration des glaciers souvent fort difficile et dangereuse.
Les différences de température qui peuvent exister entre les parties voisines de la surface et le centre ne paraissent pas devoir être une des causes agissantes dans la formation des crevasses, puisque ces différences sont renfermées dans les limites de quelques degrés. D'après ce qui précède, on voit que les crevasses ne sont qu'un phénomène superficiel, elles ne jouent qu'un rôle secondaire ; elles ne paraissent pas avoir d'influence sur le mouvement ou l'économie générale des glaciers. Indépendamment des crevasses , on remarque à la surface des glaciers quelques phénomènes superficiels
que nous allons indiquer brièvement. Ainsi on y voit un grand nombre de ruisseaux qui s'y établissent pendant la saison d'été. Dans le courant d'une journée, à partir de dix heures du matin jusqu'au coucher du soleil, ils circulent bruyamment en suivant les pentes naturelles du. glacier et finissent par s'engouffrer dans quelque crevasse. Pendant la nuit, la fonte superficielle venant à diminuer, le bruit cesse de se faire entendre, les ruisseaux tarissent momentanément pour recommencer à couler le lendemain. La température de leur eau est invariablement à zéro. On y remarque aussi des puits ou moulins qui sont des trous verticaux formés par les ruisseaux, ils atteignent une grande profondeur et souvent un mètre et plus de diamètre. Quand ils sont à sec, on peut facilement; au moyen d'une échelle de corde, descendre dans ces puits et reconnaître ainsi la structure intérieure du
glacier, on y voit, comme dans un puits de mine, la stratification et la direction des couches. Les trous méridiens et les baignoires sont des accidents produits par la présence de quelque corps étranTOME XI, 1857.