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BULLETIN.
sur les mines du canton de Caratal (République de Venezuela). Ayant reçu mission d'explorer les terrains du canton de Caratal, à 6 milles de Tupuquen , où les mineurs de l'Yuruari ont rencontré un nouveau placer, je dois commencer par signaler avant tout l'exagération et l'imprudence des bruits répandus à ce sujet depuis mon départ, lesquels pourraient avoir les conséquences les plus funestes. Mon but est d'éviter les grands malheurs qui résulteraient de l'arrivée d'une masse de travailleurs sur le placer de Caratal. Une exploration de quatre jours, en compagnie d'un mineur expérimenté et intelligent, a suffi (en l'absence de recherches directes, que le manque d'eau dans les forêts vierges rendait impossibles), pour apprécier à sa juste valeur l'avenir du nouveau placer, et m'imposer le devoir de revenir aussitôt éclairer le gouvernement à ce sujet. Le placer de Caratal est une continuation de la formation aurifère découverte dans le Yuruari en 1849. La partie productive, formant un petit ravin dépendant de la Mucupia, n'a que i5o varas de long sur 100 de large, et jusqu'à présent les essais des ravins voisins n'ont pas donné d'espérances. On ne
doit pas exagérer, par conséquent, la valeur du gîte découvert. Que feraient donc les travailleurs dans ces forêts, en plein hiver? On a fait entendre au public que la moindre journée d'un mineur serait de a onces et pourrait s'élever à ; c'est une grave erreur. Nous avons constaté que les journées de lavage
ne produisent que 4 réaux, et le nombre des travailleurs s'élève à 80.
Je dirai, en outre, qu'il y a pour les fouilles des difficultés telles que, dans certains endroits, des mineurs exercés ont été forcés d'abandonner, en désespoir de cause, leurs travaux; que, généralement, la terre est dure et parfois cimentée d'un ciment ferrugineux presque impénétrable ; que, à la profondeur d'une vara, on rencontre des morceaux de quartz de dimensions variées, mais qu'il est indispensable d'enlever, soit
entiers, soit par fragments, pour arriver à l'argile qui renferme le précieux métal ; que de ces opérations résultent des blessures et contusions qui deviennent des ulcères rebelles et incurables.
BULLET1U.
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J'ajouterai qu'après avoir extrait à grand'peine cette glaise aurifère, il faut la transporter à une demi-lieue de distance, quelquefois même jusqu'au Yuruari, à 5 milles de là, lors des sécheresses du ruisseau voisin; puis on la lave, le tout parfois sans résultat. L'eau, dans tout le district, est trouble et insalubre à boire ; dans les montagnes, on ne connaît pas les bienfaits des rayons de soleil, qui ne peut traverser l'ombre des futaies; en conséquence, après quelques jours d'habitation, les mineurs perdent
leur teint naturel pour prendre un aspect pâle et blafard. signe d'une prédisposition à toutes les maladies qui pourraient éclater.
Je dirai enfin que l'hiver, avec ses pluies incessantes, au lieu de diminuer les difficultés du travail, les accroîtra au point de rendre l'exploitation impossible dans l'état actuel des lieux, et triplera les chances de maladie. Il importe de faire connaître ces circonstances, on échappera ainsi aux mécomptes que feront naître les illusions fomentées par la soif de l'or. Parmi ceux qui connaissent les montagnes du Caratal, nul ne soutiendrait qu'une réunion d'hommes puisse s'établir dans
ces forêts au milieu de l'hiver, et se livrer à des travaux pénibles cités sans le plus grand danger, non-seulement pour la santé, mais pour la vie? S'il a plu, les rayons du soleil n'arrivent pas au sol, le vent lui-même ne saurait balayer les miasmes qui se dégagent sans cesse; la chaleur change ces fourrés en une vaste étuve. Combien de causes de maladie. Ajoutez les moustiques, les blessures ulcérées, les chaleurs... n'en est-ce pas assez pour atteindre des tempéraments minés par des aliments insalubres, des eaux saumâtres, et abattus déjà par les fatigues de l'extraction et du lavage? L'exploitation de ces mines serait-elle donc impossible? non pas, elle est possible pendant l'été, et même elle le deviendra pendant la mauvaise saison, lorsque des mesures auront été adoptées pour détruire les causes morbides. Ces mesures sont : de défricher les montagnes, de donner aux travailleurs des habitations ventilées et saines, de leur fournir de l'eau douce à boire au lieu de l'eau saumâtre dont ils se servent, puis d'autres mesures hygiéniques à prescrire d'après l'examen des lieux.