Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.
168,
RAPPORT AU MINISTRE SUR LA LOCOMOTIVE A 4 CYLINDRES
a tant contribué à la juste défaveur dont ce mode est l'objet.' Déjà, pour ces cas extrêmes où la locomotive fait défaut, où la machine fixe semble devenir une nécessité, une solution nouvelle se produit : c'est celle qui a été imaginée par M. Agudio, député et ingénieur italien. Je n'anticiperai pas ici sur le rapport que Votre Excellence m'a fait l'honneur de me demander sur ce système. J'espère d'ailleurs pouvoir, avant de rédiger ce rapport, assister aux expériences entreprises sur la ligne de Turin à Gênes. Quel que soit l'avenir
réservé à ce système, il est incontestablement très-ingénieux. Il affranchit la traction au moyen de machines fixes, des vices les plus graves qui l'ont fait si justement repousser sur les grandes lignes. Peut-être n'est-il pas exempt lui-
même d'inconvénients très-sérieux. Mais, si l'on ne peut affirmer qu'il constitue dès à présent, tel qu'il est, une solution pratique, son principe permet au moins de l'entrevoir. Système américain. La machine -du Nord doit le supplanter. Parmi les dispositions appliquées pour approprier les locomotives aux exigences des tracés accidentés, on ne peut omettre une des plus anciennes, qui a rendu des services réels au delà de l'océan, en Allemagne, en Belgique et en Angleterre : c'est le système américain. Mais ce sys-
tème, conçu en vue des courbes, n'a rien fait pour les rampes, loin de là, puisqu'il exclut l'accouplement complet.
Le principe de la nouvelle machine du Nord paraît donc devoir le supplanter généralement. Diverses. tentatives, fruit de reMachine Ste7erdorf. cherches ingénieuses, mais plus ingénieuses que pratiques,
celle par exemple qui a abouti à la machine Stelerdorf, construite pour une ligne à rampes de 0,020 et à courbes de i4o mètres ( d'Orawicza à Steïerdorf, dans le Banat ), paraissent désormais sans intérêt en présence de la nouvelle machine; sa supériorité ne peut guère en effet être mise en doute, même par les personnes qui croient pouvoir compter sur le succès de ces tentatives. La Steïerdorf, qui figurait à
ET A 12 ROUES COUPLÉES DU CHEMIN DE FER DU NORD.
169
l'exposition de Londres en 1862, n'a fait encore que quelques courses d'essai ; je l'ai retrouvée, il y a quelques mois, dans les ateliers de Vienne, qu'elle n'a guère quittés, et qu'elle ne quittera probablement guère. Nouvelle machine sans galets-directeurs dé M. Arnottx. Il est juste de mentionner, dans cette rapide revue, le perfectionnement récemment apporté au système articulé par son ingénieux inventeur. Les galets-directeurs exigent pour les croisements de voie un mode de construction spécial, et la circulation sur les voies ordinaires leur est dès lors interdite. M. Arnoux a réussi à supprimer ces organes spéciaux. Il guide l'essieu antérieur par une application trèssimple de la relation géométrique qui lie les déplacements angulaires des essieux relativement aux flèches, et les déplacements des flèches relativement aux timons. En combinant ainsi le principe de la solution primitivement appliquée sur le chemin de Sceaux, avec les parallélogrammes articulés imaginés depuis, M. Arnoux a réussi à vaincre une objection que soulevait tout d'abord son système. La machine modifiée possède d'ailleurs une souplesse et une douceur d'allure dans les courbes, qu'on ne saurait contester. Mais il ne s'agit là que de la convergence, condition plus théorique que pratique. La nouvelle solution exclut toujours
l'adhérence totale, et son application serait dès lors restreinte aux lignes très -sinueuses, mais à rampes assez faibles pour qu'une adhérence partielle fut suffisante. Désaccord actuel des opinions sur les machines d'une très grande puissance. Votre Excellence sait combien les avis sont partagés sur la valeur des locomotives d'une trèsgrande puissance. Un ingénieur italien, M. Biglia , à l'opinion duquel sa position spéciale donne une valeur réelle déclare (*) « qu'aucun ingénieur connaissant l'entretien et (*) Réfutation de la note deM. Gouin, etc..., page 8. Turin, 1863.