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CONSTITUTION GÉOLOGIQUE
théories qui se sont produites, il importe de bien définir les caractères extérieurs de cette curieuse formation.
Le territoire embrassé par la dolomie du Schlern est assez restreint ; il se borne aux environs immédiats de la vallée de l'Avisio. Les dolomies, qui ne se rencontrent qu'à une assez grande hauteur au-dessus du niveau de la vallée, forment, non pas un plateau continu, mais une série de massifs ou de pics abruptes, qui attirent de loin les regards autant par leur couleur éclatante, variant du blanc jaunâtre au blanc de neige, que par leurs formes déchiquetées et la verticalité de leurs escarpements. Rien n'est plus pittoresque que l'aspect du Langkofl, du Schlern, des Rosszâhne, du Blattkogl. Les fig. 7 et 8, Pl. IV, donnent une idée de l'étrangeté des contours de ces rochers, aux cimes complètement inaccessibles, absolument impropres à la végétation et sans aucune trace de stratification.
Plusieurs de ces massifs atteignent des hauteurs considérables. Le Langkofl s'élève à 2.900 mètres au-dessus du niveau de la mer, et est formé Par plusieurs cônes verticaux accolés, dépassant de I. 5oo mètres le niveau du plateau de l'Alpe de Seiss. C'est sur ce plateau qu'on peut le mieux se faire une idée de la manière d'être des massifs dolomitiques. L'Alpe de Seiss est une haute plaine ondulée, présentant la forme d'une cuvette inclinée vers le nord, où elle se déverse dans la vallée de Groden, tandis que, à l'est, au sud et à l'ouest, ses bords sont relevés en anneau. Sur ce bourrelet, constitué par des tufs éruptifs ou sédimentaires, sont venus s'implanter les massifs du Schlern , du Rosszahne, du 131attkogl et du Langkoll, et cette superposition est d'autant plus nette que la couleur blanche des dolomies tranche sur la teinte foncée des tufs. La hauteur des massifs est très-variable ; tandis que le Langkoll s'élève à 2.900 mètres, le Blattkogl, qui fait corps avec lui, ne dépasse pas 2.5oo mètres, et le Schlern n'atteint que 2.400 mètres. La plus haute des montagnes dolomi-
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DU TYROL MÉRIDIONAL.
tiques est la Marmolata, située sur la rive gauche de l'Avisio, et dont le sommet, élevé de 5.15o mètres au-dessus du niveau de la mer, est couronné par un glacier. La dolomie présente, dans ses caractères, une constance
remarquable ; elle est d'un blanc de neige, saccharoïde, rugueuse au toucher, traversée par une foule de cavités ramifiées, dont les parois sont tapissées par des cristaux de carbonate double de chaux et de magnésie, en rhomboèdres à faces courbes et arêtes tranchantes; les fossiles y sont extrêmement rares ; encore la forme seule a-t-elle persisté, et toute la substance de la coquille a été remplacée par de la dolomie. La texture cristalline est plus ou moins développée ; souvent les rhomboèdres atteignent 5 ou 6 millimètres. Ajoutons enfin que la dolomie est quelquefois traversée
par des filons insignifiants de mélaphyre, et qu'elle repose, sans" aucun dérangement, sur les tufs. Quel phénomène a pu donner naissance à ces immenses accumulations de carbonate double magnésien? Tel est le problème qui se pose d'abord.à l'esprit. Les géologues qui, les premiers, essayèrent de le résoudre, connaissant le rôle considérable que jouent les calcaires dans la structure générale des Alpes, cherchèrent l'origine de la dolomie dans une transformation subie par des calcaires primitivement stratifiés ; et les dolomies se trouvant toujours au voisinage .
du mélaphyre, ils se crurent avec raison autorisés à le
considérer comme l'agent de cette métamorphose : quelques-uns même allèrent jusqu'à soutenir que les dolomies avaient été amenées du sein de la terre avec la roche éruptive ; mais l'observation les ayant forcés de reconnaître qu'elles reposent sur des couches non bouleversées et qu'elles ne sont jamais en contact direct avec la masse du mélaphyre, il fallut se contenter de lui attribuer une action .à distance, et M. de Buch imagina sa célèbre théorie de la dolomitisation par les vapeurs magnésiennes. A ceux qui