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EXPLOSION D'UNE MACHINE LOCOMOTIVE.
taient l'essieu d'arrière, avait déraillé et s'était avancée de 21 mètres dans le ballast jusque sur l'aiguille et presque contre la guérite de l'aiguilleur Dufour. Le mécanisme, c'est-à-dire les organes du mouvement et de la distribution de la vapeur, n'avaient pas souffert: mais toutes les pièces adaptées à la chaudière avaient été arrachées et projetées à des distances différentes. Près de la machine, on trouva dans le ballast, la boîte à sable, pièce en fonte de 200 kilogrammes environ, qui avait été renversée par la commotion. A peu de distance deux fragments de feuilles de tôle avaient pénétré dans le sable, l'un à droite, l'autre à gauche de la position initiale de la machine ces deux fragments provenaient des parois latérales de l'enveloppe du foyer. Quant à la feuille supérieure, elle avait été projetée, entraînant avec elle le dôme des soupapes et la tige du régulateur jusque dans la cour de la caserne de cavalerie, à une
distance de 246 mètres. Ce projectile pesait 273 kilogrammes, donc 16o pour la feuille de tôle, et 113 pour le dôme des soupapes. Dans l'arrachement de ces pièces les leviers des soupapes avaient été tordus par leur liaison aux balances qui avaient momentanément résisté; mais bientôt celles-ci avaient été entraînées à leur tour avec les. ressorts à boudins en partie déroulés, et avaient été projetées, l'une à 200 mètres en arrière près de la voie, et l'autre à 250 mè-
tres en arrière, mais dans une direction oblique sur la droite. L'injecteur Giffard qui se trouvait adapté à la feuille arrachée du côté gauche de l'enveloppe du foyer avait été lancé contre le mur en briques du dépôt, l'avait traversé et était venu trouer le tender d'une machine en stationnement sur la sixième voie. Quant à toutes les petites pièces, telles que le sifflet, les robinets, etc., elles avaient été lancées dans différentes directions ; mais surtout dans la cour de la caserne de cavalerie, où quelques fragments étaient arrivés à ioo mètres plus loin que le dôme des soupapes, c'est-à-dire à 35o mètres environ de la machine. La violence
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de l'explosion pouvait se mesurer encore par ses effets sur le bâtiment du dépôt. Les tuiles et les vitres avaient été brisées, les galandages en partie renversés. La fig. 8 donne le plan de la partie de la gare de Vesoul où l'accident a eu lieu ; A, est le point où se trouvait la machine au moment de l'explosion ; A, le point où elle se trouvait après ; B, le point où le chauffeur Bretton a été trouvé ; AC, la direction de la cour de la caserne-de cavalerie où la partie supérieure de la chaudière a été lancée; AD, la direction prise par l'injecteur Giffard; AE, AF, les directions prises par les deux soupapes. Les fig. 1, 2, 3, représentent la chaudière après l'explosion; les figures donnent le dessin des feuilles arrachées. Les circonstances dans lesquelles l'accident a dû se produire se déduisent facilement des observations dont il vient d'être rendu compte. Au moment où la machine venait d'être accrochée au train la pression intérieure de la chaudière avait dépassé la limite de résistance de la tôle supé-
rieure de l'enveloppe du foyer. Cette tôle a été aiTachée d'abord suivant la ligne de rivure du côté gauche, correspondant à une génératrice du corps cylindrique ; immé. diatement après, les deux clouures qui rattachaient cette feuille au corps cylindrique d'une part, et à la plaque d'arrière, d'autre part, ont cédé. Dès lors toute la partie supérieure du foyer était découverte ; mais la réaction avait eu pour effet de renverser la plaque d'arrière et les deux plaques latérales, pendant que la feuille supérieure était lancée dans l'espace vers la droite. Celle-ci entraînant avec elle la
tringle du régulateur, cette longue tige de fer a agi à la façon du fouet et a entraîné le chauffeur Bretton. Quant au mécanicien Durand, il a été atteint par un cercle de la garniture extérieure de la chaudière, lequel a été rabattu sur le tender. La projection de l'injecteur Giffard, des balances et autres pièces accessoires s'explique de la même manière très-naturellement.