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EMPLOI DES EAUX D'ÉGOUT EN AGRICULTURE.
une mesure fort restreinte. En réalité l'épuration des liquides et par conséquent l'absorption de leurs principes fertilisants est faite par les végétaux. Ce sont eux qui déter-
minent la séparation des matières et fixent les éléments susceptibles de les alimenter. Le sol n'agit là que comme une sorte d'intermédiaire, pour transporter l'élément nutritif du liquide à la plante. Il arrête au passage les matières en suspension et sert de réservoir aux matières en dissolution
jusqu'à ce que les racines des végétaux en aient fait leur profit. Mais lui-même reste pauvre, et pour peu que la végé-
tation soit active, il se retrouve au bout d'un long temps dans le même état qu'auparavant ; témoin les sables irrigués d'Édimbourg, qui, depuis deux siècles, toujours également arides, continuent à porter des récoltes également fécondes. Aussi, comme le remarquent judicieusement les commissaires de 1866, la même terre peut servir indéfiniment pour l'arrosage; « car, disent-ils en réponse à une « autre préoccupation, il ne s'agit point là d'une pratique « qui épuise le sol, mais bien d'une pratique qui le renouvelle constamment. » Effectivement le sol ne s'épuise pas plus qu'il ne s'enrichit. On conçoit dès lors combien
est grande l'erreur de ceux qui espèrent arriver par ce moyen à féconder le sol et qui poursuivent notamment l'idée d'un colmatage. Un tel résultat n'est possible qu'à une condition : insuffisance de la végétation elle-même. Alors, il est vrai, si les végétaux sont insuffisants pour absorber toutes les matières qui leur arrivent, les parties en supension pourront s'accumuler sur le sol, mais les principes dissous s'échapperont en majeure partie, de sorte que la purification sera incomplète. D'autre part, les matières retenues à la surface et non absorbées par les plantes entreront en putréfaction et produiront des dégagements redoutables. A ce double point de vue, la salubrité ne sera donc pas satisfaite. Le véritable agent de la désinfection,
on ne saurait trop le répéter, c'est la plante ; par suite,
PROCÉDÉS AGRICOLES.
47 pour que la désinfection marche dans de bonnes conditions,
il faut que la végétation soit assez touffue et assez active pour que toute matière ait chance d'être assimilée quelque part qu'elle se présente.. De là résulte cette conséquence importante : c'est que le meilleur mode de culture, au point de vue de l'épuration, est celle des prairies permanentes; car sur les prairies, et sur les prairies exclusivement, on peut répandre l'eau sans crainte que les matières n'y rencontrent des places vides et
n'y demeurent hors des atteintes de la végétation. Nonseulement les prairies désinfectent mieux, mais elles désinfectent davantage ; nous voulons dire par là qu'on y peut faire passer un plus fort volume d'eau d'égout dans lm temps donné. En effet, à surface égale, aucune culture ne développe des forces d'assimilation aussi grandes. Enfin
les prairies ont l'avantage, capital en cette matière, de se prêter à l'arrosage en toutes saisons. Sans doute il est des époques de l'année où, sous le rapport commercial, l'eau d'égout convient mieux : par un temps froid et humide, par exemple, il est évident que l'arrosage est moins fructueux que pendant les sécheresses d'été. Mais ce n'est pas là le point de vue qui nous occupe en ce moment : nous
parlons de l'épuration proprement dite, et nous disons que les prairies sont susceptibles de rendre leurs services tout le long de l'année. « Si le domaine (de l'irrigation) « est assez vaste, disent les commissaires de 1866, il n'y a pas de moment où quelque portion ne soit apte à recevoir l'eau d'égout. L'irrigation peut marcher nuit « et jour, en temps humide comme en temps sec, en été comme en hiver, A Croydon, où l'on a l'avantage de la
« pente, l'eau d'égout (quoique variant de volume aux « différentes heures) coule sur la terre sans interruption, « continuelle comme le temps lui-même (4). C'est un (4) Parole du poëte anglais.