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pour le présent, de toutes les ressources que peut fournir le bon aménagement des forêts , il en est un autre qui tend à priver les générations futtues de la portion la plus précieuse de l'héritage que nous devons leur transmettre. Ce désordre consiste dans les défrichemens inconsidérés.
On porte la culture à des hauteurs où elle ne devrait pas atteindre , et sur des pentes tellement
inclinées que , privées des racines des arbres qu'on leur enlève, elles ne peuvent plus retenir leur terre végétale. Ainsi se découvre en peu de temps le noyau pierreux des montagnes ; ainsi une stérilité de plusieurs siècles vient s'emparer d'un soi décoré
jusqu'alors des plus belles productions du règne végétal , et d'immenses rochers mis à nu par l'action des pluies, ne présentent plus que le triste tableau d'une aridiié absolue , qui fatigue l'oeil et
remplit l'ame de pensées affligeantes. Un autre abus tout aussi nuisible est la pâture des animaux dans les nouvelles coupes. Aussi-tôt qu'on apprend qu'un
bois quelconque doit être abattu, tous les habitans
des villages voisins établissent des spéculations sur fa destruction des jeunes pousses. Ceux même qui n'ont aucune propriété achètent des chèvres, parce qu'ils ne sont plus embarrassés sur les moyens de les nourrir. A peine les bois sont-ils coupés que, l'animal destructeur est introduit dans l'abattis pour ne l'abandonner que lorsque la nature, fatiguée de produire des jets nouveaux aussi-tôt mangés qu'ils se sont montrés au jour , cesse de fournir des sucs nourriciers aux racines des anciens plants. Ainsi les souches se dessèchent sans être remplacées , et les ronces seules leur succèdent à la faveur des moyens de défense que leur a donnés la nature.
De la disette des bois causée par tous ces
désordres réunis , résulte la
o-
des
les plus importans. Les fontes de minerai ne peuvent plus avoir lieu ; les hauts fourneaux cessent leurs coulées ; les affineries , les aciéries les martinets suspendent leurs opérations , et les établisemens
arts les plus nécessaires, privés des matières métalliques sur lesquelles ils s'exercent, menacent d'abandonner la France. Le fourneau d' A Ilevard , alimenté par d'excellente mine spathique, fourneau qui cou-
lait toute l'année , et qui fournissait annuellement quinze milliers de quintaux de fonte aux aciéries de Rive, ne coule plus que cinq mois, et ne donne plus que cinq, à six mille quintaux de, fonte. Les mines de fer de Vizilles , d'Articol , d'Arvillars
quoique de très-bonne qualité , ne sont plus exploitées. A Pcsay et dans les autres mines métalliques du département du Mont-Blanc , on sera
obligé bientôt de cesser la poursuite des plus riches filons, faute de bois pour l'étançonnage des galeries, pour le grillage des minérais , et pour la fonte ; enfin, les salines de Moutiers , dans ce même département , laissent perdre plus de la moitié des eaux de leur source. salée par l'impossibilité où l'on est, faute de bois, de Tes faire évaporer.
Ces faits sont confirmés par un rapport du citoyen Duhamel , père , inspecteur des mines. Le département de l'Isère a été très-boisé; il a encore des forêts considérables, telles que celles de Chamboran , de Roihon et de Laval qui , à ce qu'on assure , contiennent plus de trente mille ,arpens mais elles ont été dévastées par les riverains et leurs bestiaux , et même incendiées en partie. Les chè-
vres sur-tout , qui sont en grand nombre dans le midi de la France, y causent des dommages incalculables. Le tort que font ces abus au départeluent
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