Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.
594
ESQUISSE GÉOLOGIQUE
une juste idée des bouleversements auxquels le sol y a été soumis. Rien de plus commun que d'y rencontrer des dénudations énormes, des redressements de couches qui dépassent la verticale, de telle sorte que la stratification se.
trouve être renversée, des failles qui mettent en contact des terrains séparés dans l'échelle géologique par des intervalles de plusieurs centaines de mètres. De là il résulte qu'il n'y a aucune suite dans les superpositions et qu'un même terrain repose fréquemment, dans un espace restreint, sur plusieurs formations distinctes. il faut donc se représenter le sol de l'Espagne comme excessivement tourmenté, disloqué, morcelé en tous sens par des accidents souvent gigantesques. Toute description géologique, pour rester dans le vrai, ne saurait omettre ces traits éminemment caractéristiques de la constitution géologique de la contrée. Or, la Serrania les reproduisant sur une grande échelle m'a paru pouvoir être présentée comme un bon spécimen de la structure propre aux régions montagneuses de la Péninsule. C'est le principal motif qui m'a engagé à publier les observations que j'ai recueillies sur cette partie de la Nouvelle-Castille. Presque inconnue encore, il y a une trentaine d'années, la constitution du sol de la Péninsule ibérique est aujourd'hui suffisamment élucidée, pour qu'on ait pu tout récem-
ment la figurer sur une carte avec une précision scientifique. Parmi les travaux qui ont surtout contribué à ce résultat il faut citer, en première ligne, ceux d'un membre éminent du corps des ingénieurs espagnols, M. Casiano de Prado, et ceux de deux géologues français, MM. de Verneuil et Collomb. Ces derniers ont notamment exploré la Serrania
en 1852. Les renseignements pleins d'intérêt, consignés dans le Bulletin de la société géologique, à la suite de leur voyage, ont fixé, d'une manière générale, la composition du sol de cette contrée on, avant eux, nul géologue n'avait pénétré.
DE LA SERÜANIA DE CUENCA (ESPAGNE).
595
Terrains qui forment le sol de la Serrania. -La Serrania renferme des terrains très-variés. Une des conséquences des
dislocations que l'on y remarque a été de Mettre à jour la série presque complète de ceux qui entrent dans la constitution du sol de la Péninsule. Le terrain de transition n'y forme que quelques pointements de peu d'étendue au fond des vallées qui sillonnent la contrée. Le terrain houiller yest également peu développé ; il se réduit à quelques affleurements qui se montrent sur le territoire d'Hinarejos, le long du rio Castillejo. Au-dessus de lui, s'étend une puissante assise de poudingues et de grès quartzeux dans la partie inférieure de laquelle il est impossible de ne pas reconnaître le nouveau grès rouge, tandis que la partie supérieure reproduit beaucoup plutôt le faciès du grès des Vosges que celui du grès bigarré. Ces formations sont très-épaisses et couvrent une partie notable du territoire de la Serrania. Viennent ensuite les deux membres supérieurs du Trias; le muschelkalk et les marnes irisées, l'un et l'autre très-caractérisés par leur composition qui n'offre pas de différences essentielles avec celles que ces mêmes formations présentent
en Lorraine. Le terrain jurassique est représenté, dans la contrée de Cuenca, ,par une puissante assise exclusivement calcaire ; les seuls fossiles que l'on y rencontre appartiennent au lias moyen et à l'oxford-clay ; mais je ne suis pas éloigné de croire à l'existence de quelques-uns des étages intermédiaires. La craie est réduite à un petit nombre d'assises occupant un niveau peu élevé dans la formation et on
ne la trouve que sur les flancs du relèvement de terrain dont j'ai signalé l'existence entre la Cabeza de Don Pedro et le pic de Ramera. Quant au terrain tertiaire moyen d'eau
douce qui est, comme on sait, le seul membre de cette série qui se montre avec quelque développement dans la partie centrale de la Péninsule, il occupe une position plus excentrique encore que la craie; on ne le rencontre plus, en masses de quelque importance, que sur la périphérie de la