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SALURE DU SOL DE LA CAMARGUE.
SALURE DU SOL DE LA CAMARGUE.
d'espèces spéciales, nommées plantes maritimes, qui appartiennent à des genres variés, parmi lesquels le salsola, le salicornia et le statice occupent le premier rang. Ces plantes sont remarquables par la grande quantité de soude que renferment leurs cendres. Plusieurs espèces, que l'on rencontre habituellement à f intérieurdes terres, vivent aussi avec les précédentes sur les bords de la nier ; mais on observe que, sous l'influence de l'humidité salée de l'atmosphère, nommée air marin, elles éprouvent, pour la plupart, des modifications dans leur port et la contexture de leurs organes. Elles deviennent naines et trapues ; leur épi-
maximum au débouché des vallées spacieuses, ouvertes aux vents qui soufflent du large ; dans ce cas, les plantes ma-
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derme est distendu et leur parenchyme gonflé ; leurs feuilles
paraissent charnues comme celles des plantes grasses. Le botaniste a quelquefois de la peine à les reconnaître. Au delà des terrains qui offrent la végétation exceptionnelle dont nous venons de parler, il y en a d'autres où l'air marin, sans déterminer dans les plantes des modifications notables, a cependant sur elles une influence sensible. Ainsi, en Normandie et en Bretagne, les pâturages, peu éloignés de la nier, produisent une herbe salée qui est très-recherchée des troupeaux et leur communique un goût exquis. Les moutons qui s'en nourrissent portent dans le commerce de la boucherie le nom de moutons de préssalés. Sans aller chercher des exemples aussi loin, nous citerons la Crau qui touche à la Camargue. Ses pâturages sont également salés et, pour cette raison, jouissent d'une grande réputation. Le sel y est même assez abondant pour que la ration de cette substance, donnée ordinairement aux troupeaux, puisse être diminuée. La zone des terrains qui, à raison de leur voisinage de la mer, participent à sa salure, a une largeur très-variable, suivant la configuration des lieux. Elle est très-étroite lorsque le rivage est dominé par des collines escarpées qui arrêtent les vents rasants chargés d'eau salée. Cette largeur augmente si la côte est peu accidentée. Elle atteint son
ritimes peuvent remonter très-haut, le long des cours d'eau (). La Camargue étant baignée par la mer, doit recevoir du sel comme tous les lieux qui sont dans la même situation ; mais ici le phénomène se produit avec une intensité bien plus grande qu'ailleurs, à cause des conditions particulières dans lesquelles cette plaine se trouve placée. Elle s'étend le long de la Méditerranée sur une longueur de 38 kilomètres; on n'y observe pas le moindre accident du sol; elle est très-basse, complétement dépourvue de bois, sans abris quelconques ; à l'intérieur, il y a de vastes nappes d'eau salée dont la surface est soulevée et violemment agitée dans les temps orageux. Il résulte de là que les vents, quand ils sont impétueux, y projettent une immense quantité de particules d'eau de mer. Cet arrosage salé embrasse toute la Camargue et s'étend même au delà, mais en décroissant successivement à partir du sud. Il y a un autre fait important à noter. Comme la surface du pays est presque horizontale et en général peu perméable, les eaux pluviales, quand elles tombent en abondance, ne trouvent à s'écouler ni à l'extérieur ni à l'intérieur du sol. Elles ne peuvent disparaître que par l'évaporation, et celle-ci, étant très-active, les enlève ordinairement en peu de temps. Par conséquent, le lavage par les eaux pluviales, qui est partout ailleurs sur les côtes très-efficace pour dessaler les terres, n'agit ici que très-imparfaitement. Ainsi, d'une part, la Camargue se trouve dans des conditions topogi'a(1 Dans la vallée du Rhône, on trouve des Sa isola jusqu'au confluent de la Durance, près d'Avignon, à plus de 65 kilomètres de l'embouchure du fleuve. La vaste plaine de la Crau a une salure sensible dans toute son étendue. TOME X.1, 1867.
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