Annales des Mines (1878, série 7, volume 14) [Image 225]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

424

GISEMENTS DE MERCURE

28. 600 bouteilles seulement. Cependant, la hausse continue et rapide des cours du mercure, les bénéfices considérables des rares mines Productives, l'abondance et la proximité des affleurements cinabrifères attirèrent de plus en plus l'attention sur ce métal, devenu presque précieux, dont la nature, entre autres mille richesses, avait doté la Californie, pro-

voquèrent une période d'actives recherches, et amenèrent la découverte et la mise en exploitation d'une série de gise-

ments plus ou moins importants : ce fut un quicksilver-excitement. Au commencement de 1875, il y avait dans les Coast Ranges plus de 42 mines de mercure en exploitation, et leur nombre devait encore s'accroître, malgré la baisse survenue dans les cours. Une des plus récentes, Sulphur Bank, prenait une extension étonnamment rapide : ouverte en octobre 1874, elle fournissait 5.Soi bouteilles dès 1875, 8.732 en 1876, 11.303 en 1877. En même temps, New Almaden se relevait, Redington et New Idria se développaient. La production totale de 1875 était de 50.236 bouteilles : chiffre

qui dépassait les plus élevés jamais atteints sur la côte

Pacifique, mais qui, l'année suivante, devaient être laissés loin en arrière. En 1876,1a Californie livrait la quantité vraiment énorme de 75.074 bouteilles de mercure, et en 1877, encore davantage, 80.368. Un tel accroissement de produc-

tion est d'autant plus remarquable qu'il n'a été dû qu'à

quelques mines et a eu lieu malgré la diminution du nombre des producteurs. En effet, l'avilissement bientôt extrême des cours du mercure laissant peu ou pas de marge aux profits dans les conditions moyennes d'exploitation et de teneur des minerais californiens, une série de mines se sont vues amenées successivement, les moins favorisées à arrêter complétement leurs travaux, d'autres, pleines d'avenir peut-être, à les suspendre temporairement : en somme, plus de la moitié des mines de mercure des Coast Ranges chômaient en automne 1876, et des centaines de concessions étaient abandonnées comme sans valeur. Parmi les

DE CALIFORNIE.

425

mines qui, mieux outillées ou disposant de meilleurs mine-

rais, ont continué leurs opérations, la plupart, comme New Almaden, la ralentissent à dessin et de plus en plus, et mettent en magasins une partie de leur production, en attendant des prix plus rémunérateurs. Aujourd'hui, Sulphur Bank seule, grâce à sa situation exceptionnelle, pousse activement les travaux et réalise de gros bénéfices : son importance augmente chaque jour. CONSOMMATION.

Le tiers environ de la production actuelle est consommé

par le Nevada et la Californie, qui sont, comme on sait, les deux grands producteurs de métaux précieux de l'Ouest américain, et dont les minerais d'or et d'argent sont traités

presque exclusivement par amalgamation. Dans ces dix dernières années, la consommation du Nevada a constamment augmenté, surtout depuis la découverte de la great bonanza (grand amas de minerai riche) , dans le filon déjà fameux du Comstock (*), en 1874; la consommation de la Californie varie peu, mais tend plutôt à diminuer. En chiffres ronds, le Nevada produit aujourd'hui par an pour 250 millions de francs de métaux précieux, dont les deux tiers d'argent, et la Californie pour 100 millions, dont les trois quarts d'or. Le mercure de Californie alimente également la métallurgie de l'or et de l'argent dans les autres états et territoires de l'Ouest, Colorado, Montana, Idaho, etc. Une quantité relativement faible est expédiée à New-York par chemin de fer.

Le reste est exporté par mer. Le tableau suivant donne les exportations annuelles par mer de 1852 à 1877. (*) P. L. Burthe. Notice sur les gisements des minerais d'argent, leur exploitation et leur traitement métallurgique au États-Unis. Annales des raines, tome Y, page 231.