Annales des Mines (1881, série 7, volume 20) [Image 85]

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EXPÉRIENCES DE M. LE PROFESSEUR ABEL

par lui-même, serait obtenue en mettant en suspension une poussière, susceptible de flotter aisément, qui ne serait pas combustible ni susceptible d'aucun changement chimique

par l'action d'une haute température. La poudre satisfaisant à ces conditions, et qu'il était facile de se procurer immédiatement quand on eut cette idée, était la magnésie calcinée.

Un courant d'air à 3 p. loo de gaz fut amené pendant quelque temps sur la flamme d'une lampe avec une vitesse de 5 mètres par seconde ; aucun résultat ne se produisit; mais, en mettant en suspension de la magnésie calcinée de longues étincelles se produisirent quelques secondes après que le mélange eut dépassé la flamme, et l'inflammation se répandit promptement dans toute la conduite avec un faible effet explosif. Avec 2,75 p. z oo seulement de gaz, on obtint des résultats tout à fait semblables, l'inflammation générale suivant toutefois moins rapidement la production

d'étincelles partant de la flamme de la lampe. Avec un autre échantillon de magnésie calcinée, qui n'était pas tout

à fait aussi léger que le premier, on obtint un résultat semblable avec un mélange contenant 5 p. zoo de grisou. Dans une atmosphère en repos, tenant 2,5 p. 100 de gaz d'éclairage, la suspension d'une des poussières les plus sensibles de Seaham (échantillon K) déterminait l'inflammation du mélange sans effet explosif. On obtint un semblable résultat en mettant en suspension de la magnésie calcinée dans une atmosphère en repos contenant 3 p. ioo de gaz. D'où il résulte qu'une poudre absolument incombustible,

de la magnésie, a le pouvoir de déterminer l'inflammation d'un mélange non inflammable d'air et de grisou ou de gaz

d'éclairage à un degré peu inférieur à celui de la plus inflammable et de la plus sensible des poussières de Seaham. Ces remarquables résultats conduisirent à essayer nombre

SUR LE RÔLE DES POUSSIÈRES DANS LES EXPLOSIONS DE MINES. 143

d'autres poudres ou poussières incombustibles, sur lesquelles est sans action une chaleur comme celle produite par la flamme d'une lampe, telles que kaolin, flint pulvérisé et autres variétés de silicates, ponce, schistes, etc.; les ré-

sultats furent analogues à ceux fournis par la magnésie, plus ou moins affectés par les variations de densité ou autres caractères physiques des diverses poussières. A des vitesses de 5 mètres à la seconde, l'effet de l'une quelconque de ces poudres déposée sur le sol et les parois de la conduite était de déterminer l'inflammation instantanée d'un mélange de 5,5 p. 100 de gaz dès qu'il atteignait la flamme de la lampe, par suite de l'influence des particules de poussière entraînées par le courant ; dans quelques cas ce résultat a été obtenu avec des mélanges à 3,25 et à 3p. 100 de gaz. D'où il apparaît que l'inflammation, après des intervalles plus ou moins longs ou plus ou moins courts, de courants

gazeux circulant dans ces conditions, en passant sur la petite flamme d'une lampe ainsi qu'il a été mentionné dans

la première partie de ce rapport, doit être très probablement attribuée à l'influence de quelques particules de poussière qui viennent occasionnellement à être suspendues dans le courant et sont projetées dans la flamme. Ces petites particules de poussière, instantanément portées à l'incandescence par la flamme, peuvent localiser et par suite élever la température en ces points et déterminer l'inflammation du gaz bien qu'il soit très dilué dans l'air. Qu'un pareil effet puisse être amplifié lorsqu'un nuage de très fine poussière suspendue clans le mélange gazeux passe à travers la flamme, cela tombe sous le sens, et est démontré par la frange de

particules incandescentes qui entoure la flamme de la lampe dans ces conditions, et de la sorte peut-être on peut suffisamment expliquer l'action de la poussière pour provoquer l'inflammation de mélanges de très petites quantités de grisou avec l'air.