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DE LA HOUILLE
MÉMOIRE DE LA FORMATION
dans ce qui se passe encore de nos jours dans les pays chauds, ou même dans les forêts vierges des régions tem-
pérées, là où, dans les endroits bas et humides, le bois des arbres tombés, tel par exemple que celui des 13etula papyracea des forêts marécageuses de la Nouvelle-Écosse,
se détruit en deux ou trois ans, tandis que l'écorce reste presque intacte, ce qui vient de ce que celle-ci est moins poreuse, plus carburée, et renferme plus de matière terreuse que le bois, dont elle diffère d'ailleurs autant sous le rapport chimique que sous le rapport botanique ; la manière dont brûle celle du bouleau dénote une composition favorable à la production de beaucoup de carbures huileux. Mais dans les mêmes circonstances l'écorce du sapin se désagrège avant que s'écaille son bois, qui dure trois à quatre fois plus de temps que celui du bouleau. Partant de l'idée que les tiges du terrain houiller étaient, de même que les arbres auxquels nous sommes habitués, remplis de bois consistant, les géologues auraient pu tout aussi bien demander le secret du phénomène aux expériences de Lindley (*) et de M. Go3ppert (**) , par lesquelles ces auteurs nous ont appris que, sous l'influence d'une ma-
cération de deux à trois ans au plus, l'intérieur des tiges ligneuses, aussi bien que celui des tiges herbacées, disparaît, tandis que l'écorce résiste et demeure entière. Mais nous avons vu ailleurs que la plupart des tiges du terrain houiller étaient remplis de cellules nourricières très
altérables, entourant un bois peu épais formé de larges vaisseaux peu incrustés. Or, comme leur écorce était dense et nettement séparée du tissu sous-jacent, ainsi que dans
les fougères, il n'y a alors rien que de très naturel à
ce
que les tiges houillères soient si ordinairement réduites à leur enveloppe corticale. Possil flora of Great.Britain. (") Abhandlung der Steinkolde2z, p. 147, et Lehrbuelt der dam. und phys. Geologie, vol. I, p. 821.
D'un autre côté, le produit de la désagrégation duligneux n'est pas conforme de tous points aux effets des causes actuelles ci-dessus invoquées. La segmentation et la dispersion du bois à l'état de fusain est un double fait difficile à expliquer. Comme il y a le
plus grand intérêt à en connaître la cause, nous croyons utile de traiter cette question avec quelques détails ici même.
Le fusain ressemble tellement à du charbon de bois, comme apparence et même parfois comme composition chimique (*) , qu'il a été pris pour du bois carbonisé par le feu du ciel. Le fait est que le quartz de Grand'Croix en renferme avec fibres à parois opaques non décollées, comme dans le charbon de bois ; mais, tout à côté, on en découvre dont les éléments anatomiques ont perdu la régularité de leur forme, comme ceux du bois qui a été soumis à l'action alternative de la sécheresse et de l'humidité. Nous verrons, dans l'étude chimique qu'il nous restera à en faire, que le fusain est tout simplement l'état fossile du bois enfoui, qui, ayant été desséché à l'air, n'a pas subi la transformation en houille des autres débris végétaux qui avaient pourri au préalable dans les marécages. L'état de division du fusain suggère naturellement l'idée d'une désagrégation du bois par l'air alternativement sec et humide, opérant encore aujourd'hui sur les conifères (d'après M. Dawson) une segmentation analogue au moyen de gerçures transversales combiné à un détachement des
plaques de bois en longueur. Dans ce cas, l'action d'un climat excessif paraît cependant avoir été nécessaire pour avoir fragmenté indistinctement tous les bois et les avoir amenés à un état de fusain plus desséché que cela ne se voit dans le lignite
- car dans les forêts et les marais actuels,
tous les bois ne se fractionnent pas de la même manière. (1 Comptes rendus, 1844, XIX, 126. Tome I, 1882.
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