Annales des Mines (1882, série 8, volume 2) [Image 115]

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EXPLORATION DES GÎTES DE COMBUSTIBLES

frontière chinoise ; la partie inférieure de ce bassin con-

stitue, avec une partie de la région des Grands Lacs, le Royaume Khmer ou le Cambodge; enfin, le delta de ce fleuve

immense, dont le cours a un développement de près de 3.o oo kilomètres, ainsi que les bassins du Donnaï, de la rivière de Saïgon et duVaïco qui descendent des derniers con-

treforts du Laos, sont occupés par la Cochinchine française.

Deux races principales se partagent cet immense territeire ; la race jaune, représentée par les Annamites et par de nombreuses colonies chinoises, est confinée dans le Tong-King, l'Annam et la Cochinchine ; tout le plateaù du Laos et les bassins du Mé-Kong (au sud de la frontière chinoise) et du Meinam sont habités par des populations se rattachant à la race malaise, et qui sont des rameaux de la grande famille que les anthropologistes désignent sous le nom de Dravidiens ou de Pro-Malais. Ce sont : les Siamois, qui se rapprochent le plus des populations primitives de l'Inde, avant l'invasion aryenne; les Ichongs, les Moïs, les Khottys, les Nahams, les innom. brables tribus laotiennes, et enfin les Khmers dont l'antique prospérité et la glorieuse civilisation, attestées par les ruines imposantes de leur immense capitale Ang-Koor, ont été détruites après de longs siècles de résistance et de conquêtes, par les attaques et les invasions combinées des Siamois au nord-ouest et des Annamites au midi. La race jaune, représentée par les Annamites, se distingue par un esprit vif, souvent fin et railleur, et par un caractère industrieux qui lui donne de grandes facilités pour s'assimiler les progrès de l'industrie européenne. Son occu pation principale est l'agriculture et spécialement la culture du riz, à laquelle les riches limons du Son-Coï, du Donnaï et du Mé-Kong se prêtent merveilleusement. Aussi

les plaines basses des deltas de ces grands fleuves sontelles presque entièrement couvertes de rizières, dont les

ET DES GÎTES MÉTALLIFÈRES DE L'IN DO-CHINE.

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produits se répandent jusqu'en Chine d'une part et jusque dans les Indes néerlandaises de l'autre (n Passionnés pour l'instruction, les Annamites ont fait de cette dernière; constatée et mesurée par trois séries d'examen, le critérium de l'accessibilité à tous les emplois, grades et dignités du royaume. Les examens, calqués sur ceux de la Chine, divisent ceux qui les ont subis avec succès en trois catégories, auxquelles les premiers missionnaires ont donné, faute de mieux, les qualifications, em pruntées à nos usages universitaires, de bacheliers, licenciés

et docteurs. Les bacheliers sont exempts de la corvée ; le grade de licencié ouvre les portes du mandarinat et donne accès aux fonctions administratives ; enfin c'est parmi les docteurs que sont choisis les grands dignitaires du royaume. L'institution de ces examens, quelle qu'en soit d'ailleurs la valeur réelle (**), montre le caractère essentiellement démocratique des principes sur lesquels repose le régime politique de l'Annam. Complété par une organisation ad-

ministrative analogue, au moins dans sa forme, à nos () Dans la Cochinchine française cette exportation, sextuplée depuis la conquête et favorisée par la création d'un réseau ne voies de communication, dont la longueur actuelle dépasse 5.ouo kilomètres, atteint aujourd'hui 6 millions de piculs, soit 3.60o.000 quintaux métriques, dont les droits de sortie sont la base de l'équilibre budgétaire de la colonie.

(**) Ces examens portent principalement sur les ouvrages de littérature et de philosophie des lettrés chinois, le caractère idéographique de l'écriture chinoise permettant à cette dernière de figurer également les mots de la langue annamite. Les lettrés des deux nations peuvent donc lire les mêmes livres et communiquer entre eux par voie de correspondance, alors même qu'ils sont dans l'ignorance absolue de leurs langues respectives. Les épreuves pour l'obtention des grades militaires sont, au contraire, essentiellement corporelles, le soldat et même l'officier étant regardés comme des hommes d'action, chargés simplement d'exécuter les combinaisons stratégiques dont l'initiative est réservée aux grands mandarins civils. C'est la plus rigoureuse application connue de l'adage juridique romain : Ceclant arma tog.