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EXPLORATION DES GÎTES DE COMBUSTIBLES
ET DES GÎTES MÉTALLIFÈRES DE I:
Ces contrées possèdent, en effet, une longue saison des pluies, alternant avec une saison d'absolue sécheresse, qui déterminent respectivement dans le régime des fleuves une
période de crues et d'inondations suivie d'une période, beaucoup plus courte d'ailleurs, de basses eaux. Pendant la première de ces deux périodes, les eaux, chargées d'une
forte proportion de limon, principalement emprunté au granite et aux grès et argiles versicolores et qui, à cause de cette double origine, est généralement argileux et fréquemment kaohneux, colmatent énergiquement leurs rives où
elles sont retenues pour la culture du riz, de l'indigo, de la canne à sucre, par d'ingénieux travaux de canalisation et d'endiguement. L'excédent, toujours considé-
rable, de matières limoneuses, est entraîné jusqu'à la mer, où tout ce qui n'est pas emporté par les courants de la côte se dépose dans l'estuaire même du fleuve, sans cesse agrandi par cet incessant apport de matières solides. Nous devons à M. Boulangier, ingénieur en chef des ponts
et chaussées (*), quelques chiffres qui permettent de mesurer l'intensité de ces divers phénomènes pour le plus grand des cours d'eau de l'Indo-Chine, le Mé-Kong, doublé de son affluent, le Tonlé-Sap', qui sert de déversoir aux Grands Lacs Cambodgiens. Le Mé-Kong se jette dans lamer de Chine par quatre em-
bouchures dont la largeur totale n'est pas inférieure à 3o kilomètres, la hauteur moyenne des eaux étant de h mètres environ, et la vitesse du courant variant de orn,50 pendant la saison sèche à /,5o pendant la saison des pluies, ce qui lui donne une moyenne d'au moins om,75.
Ces chiffres correspondent à un débit de 5o. 000 4 ou de 90.000 mètres cubes par seconde, soit de 3.888. 000. o oo de mètres cubes par journée de 12 heures 0,75
(*) Excursions el reconnaissances de la Cochinchine, n°
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(à cause de la: marée), soit enfin de 1.4o0 milliards de mètres cubes environ par an. Cet énorme volume d'eau tient en suspension une quantité de limon qui varie de 5 à / 5 dix-millièmes, et qui s'élève par suite à / millième environ en moyenne. Mais comme une partie de ce limon est empruntée par voie d'affouillement au delta lui-même, nous prendrons 7 dix-millièmes seulement pour la proportion de limon qui contribue au développement réel de l'estuaire. Ce dernier s'augmente donc annuellement de un milliard de mètres cubes environ, qui s'accumulent en avant de l'embouchure, sous forme de bancs de sable et de vase, d'abord encore mouvants, puis lentement consolidés et couverts de la mystérieuse végétation des palétuviers qui ne prospère que grâce à une submersion diurne dans l'eau saumâtre amenée par la marée haute, enfin définitivement émergés, dessalés par les pluies et livrés à la culture. Aussi n'est-il pas difficile, en remontant le cours des temps, d'assister en quelque sorte par la pensée à la formation de toute la Basse-Cochinchine, sur l'emplacement de laquelle se trouvait autrefois un golfe profond parsemé d'îlots granitiques, et de retrouver même les bords primitifs de ce golfe, qui était encadré à. l'est par les derniers contreforts du plateau du Laos, à l'ouest par la chaîne de l'Éléphant, et qui
se terminait au nord-ouest par une anse profonde actuellement occupée par les Grands Lacs Cambodgiens. A cette époque, le Mé-Kong avait son embouchure à la
hauteur de Ph'nom-Baché, bien à 'l'est des Grands Lacs actuels, qui constituaient alors un bassin hydrographique entièrement indépendant.
Cet état de choses n'a pas tardé à se modifier profondément, grâce aux atterissements apportés par le Mé-Kong, qui,
après avoir relié entre eux et au continent les îlots de Compong-Swai, se sont accumulés devant l'anse des Lacs Cambodgiens, dont elles ont finalement intercepté la communication directe avec la mer.