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218 ÉTUDE DES MOUVEMENTS DE L'ÉCORCE TERRESTRE
Dans cette manière de voir, 'qui a été le fondement de la théorie des soulèvements d'Élie de Beaumont, les phénomènes géosismiques se présentent naturellement
comme les conséquences du jeu des compartiments, placés dans un état continuel de tension compressive,' qui doit nécessairement se résoudre de temps à autre par des crises de tassement ou de froissement particulièrement manifestées le long des rides et des fractures, Cette théorie, professée de tout temps à l'École des Mines, semble maintenant en voie de prendre partout le
dessus, soit dans sa plus grande simplicité, soit avec l'immixtion d'une autre théorie, qui est bien ancienne puisqu'elle remonte aux Grecs, et à laquelle les savants qui en prennent aujourd'hui le principe en considération imposent d'ailleurs des formes diverses, nous voulons parler de l'attribution des commotions du sol au développement ou au déplacement, se produisant sous l'écorce du globe, des fluides élastiques dont nous voyons les explosions dans les volcans.
Or, d'une part, l'idée de fluides élastiques subcortieaux découle naturellement de l'admission d'un noyau liquide igné dont ils seraient chassés par le progrès interne de la solidification, et, d'autre part, la théorie des émanations, où l'on considère spécialement les dégagements de ces fluides élastiques, est le complément naturel et nécessaire de celle des soulèvements. Dans ces derniers temps, au lieu d'attribuer l'origine des fluides élastiques à leur expulsion progressive de la
masse centrale, on a voulu p'résenter leur
production
comme résultant de la pénétration des eaux jusque dans les profondeurs de la croûte du globe, opinion que nous sommes loin de soutenir, mais qui, si on l'admet, implique l'existence d'un noyau, sinon liquide, du moins incandescent dont le refroidissement serait inséparable de jeux de l'écorce, ayant déjà produit des accidentations du sol
ET DES DÉGAGEMENTS DE PRODUITS GAZEUX.
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et venant encore aujourd'hui en troubler j'équilibre. A vrai dire même, on ne saurait s'empêcher de remonter,
par la pensée, de cet état d'incandescence à l'état de fluidité ignée.
A.fin d'éviter la difficulté, pour ne pas dire l'impossibilité, de la pénétration graduelle des eaux superficielles jusqu'à la profondeur où doit régner l'incandescence et aussi afin d'expliquer l'instantanéité des ébranlements, on a proposé récemment (*) d'admettre que des fragments
de l'écorce solide situés à une profondeur assez faible pour subir l'imprégnation de l'eau à l'état liquide se détachaient brusquement et tombaient dans le bain incandescent dont la chaleur, agissant alors brusquement sur l'eau dont ils étaient imbibés, produisait des explosions de vapeur et, par suite, les commotions des tremblements de terre.
On voit que ce moyen d'explication implique, en même temps que l'hypothèse du noyau fluide incandescent, celle
de la production, par la contraction, de mouvements antérieurs de l'écorce, ayant déterminé les fractures largement béantes nécessaires à admettre pour la chute des fragments.
Pour se dégager complètement de l'hypothèse de la chaleur centrale, il faut revenir à une idée pourtant difficilement soutenable, celle de la production de foyers locaux par des réactions chimiques, et encore la localisation des phénomènes implique-t-elle la nécessité de préparations par des jeux antérieurs de l'écorce, dont il faut bien rechercher la source dans l'existence préalable d'un noyau liquide.
En tout cas, les zones de rides et de fractures seraient naturellement les lieux de production souterraine ou de (*) Note de M. Stanislas Meunier, aux Comptes rendus de L'Académie des sciences, 1883.