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116 RAPPORT SUR L'EXPLOSION D'UNE CHAUDIÈRE
Circonstances gui ont accompagné l'accident. Le 2 août, vers quatre heures un quart de l'après-midi, un bloc venait d'être posé provisoirement, et une réparation au crochet de la chaîne avait nécessité un arrêt de quelques minutes, lorsque l'explosion se produisit avant toute
reprise du travail: Le fond plat arrière fut projeté postérieurement, à peu près dans l'axe de la chaudière, à environ 70 mètres de distance. Le reste du générateur, lancé vers l'avant, mit en menus morceaux la machine et les paliers de gauche du treuil, ricocha sur une des bigues, coula le canot du
scaphandrier et tomba dans la mer à 10 mètres de l'avant. Les dégâts sont donc strictement limités au parcours des débris suivant l'axe de la chaudière ; plusieurs ou-
vriers, stationnant sur la droite du bateau, près de la bâche à eau, ont été épargnés. Les victimes, trois tués, quatre blessés, dont un griè-
vement, se trouvaient à l'avant, sur le parcours des débris.
Examen des débris.
M. l'ingénieur des mines Jacob,
chargé de l'enquête judiciaire, a fait retirer de la mer les principaux débris ; il constate que la cassure du fond plat arrière, qui a cédé, suit régulièrement en pleine tôle l'emboutissage périphérique. Les tirants et leurs écrous ont résisté ; ces derniers ont passé à travers la tôle en l'enfonçant de force. Toutes les entretoises sont rompues (voir fig. 1, 2, 3 et 14, Pl. IV). L'oxydation, due à l'eau de mer, empêche de constater si des cassures anciennes préexistaient; mais la tôle du fond plat et le corps des entretoises étaient profondément corrodés.
Les corrosions du fond plat sont surtout intérieures ; elles suivent principalement la ligne de rivets de jonc-
DANS LE PORT DE PHILIPPEVILLE (ALGÉRIE ). 117
tion avec le corps cylindrique et atteignent une profondeur de 2 à 5 millimètres (épaisseur primitive : Les entretoises sont principalement rongées aux abords de leur jonction avec les tôles planes ; de 18 millimètres de diamètre elles tombent à 8, 7 et même 6 millimètres (voir fig. 4 à 13, Pl. IV). La cassure de la tôle dénote une structure feuilletée, et, d'après M. Jacob, la feuille en question a dû être primitivement mal soudée. Des essais par traction, faits aux ateliers des chemins de fer Paris-Lyon-Méditerranée sur des éprouvettes de 10 centimètres seulement de longueur utile, ont donné les résultats suivants Résistance
Limite
à la rupture. d'élasticité. Allongement. En long En travers
kilogr.
kilogr.
p. 100
37,6 28,7
20,5 18,4
14 5
Ces résultats sont meilleurs, dit encore M. Jacob, qu'on n'aurait pu l'espérer à première vue. La formule, généralement adoptée pour les foyers de locomotive, amène au résultat suivant Pour /
16 ,
l'espacement des entretoises (supposées en cuivre)
n'aurait pas dû dépasser 13 centimètres. En supposant que les entretoises supportent à elles seules tout l'effort du rectangle qu'elles consolident, et en fixant leur effort normal à 6 kilogrammes par millimètre carré, on trouve que ce carré n'aurait pas dû dépasser 17cm,4 de côté. Les entretoises étaient donc primitivement un peu faibles ou trop espacées, puisque la distance d'axe en axe était de 20 centimètres. Quant aux corrosions intérieures, M. Jacob fait remarquer que l'eau d'alimentation était très pure, qu'il paraît