Annales des Mines (1888, série 8, volume 14) [Image 239]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

tr4

426

POUR L'EXTRACTION DU SEL.

ÉTUDE SUR LES APPAREILS PICCARD

La main-d'uvre est plus chère que pour les poêles, Tin appareil isolé nécessite sept hommes, dont quatre de

jour et trois de nuit. Mais dans une usine renfermant plusieurs appareils, il ne faut pas relativement plus d'hommes qu'avec les poêles. Cependant les machines exigent des ouvriers spéciaux qui coûtent plus cher. Les frais d'entretien doivent aussi être plus considérables, car les turbines, les compresseurs, les appareils et les générateurs sont des engins délicats qui deman-

dent à être réparés plus souvent qu'une simple poêle. Admettons pourtant que les frais de main-d'oeuvre et d'entretien ne s'élèvent pas à plus de 3,50, comme avec les poêles. Quant aux frais généraux, ils sont à peu près les mêmes dans les deux cas : g = 2 francs. Dans ces conditions, on a donc c P

+ 9f

La comparaison de cette formule avec la précédente montre que l'appareil Piccard serait plus avantageux si la houille coûtait plus de 8 francs, et que, si elle coûtait 30 francs, l'économie sur le prix de revient serait de 10 francs environ. Mais cette économie pourrait être très réduite, d'une part, par l'excès de main-d'oeuvre et d'entretien, d'autre part, par les dépenses souvent très considérables qu'entraînent les prises d'eau tant pour les travaux proprement dits que pour les indemnités à accor. der aux riverains. Cas d'une usine pourvue d'appareils Piccard avec moDans ce cas, l'appareil Piccard peut teur à vapeur. fournir 1.200 tonnes de sel par an, mais l'installation coûte encore environ 50.000 francs, d'où a =3 francs. La consommation de combustible est moindre qu'avec les poêles. A Ebensee, des expériences officielles ont

427

donné 52 p. 100 d'économie de combustible, mais ce chiffre ne convient pas à la pratique courante. Actuellement on y brûle du lignite d'Attnang qui donne 1,6 de sel par kilogramme, tandis qu'il ne donne que 1 hg,2 à Pg,3 avec les poêles ; l'économie n'est donc que de 25 p. 100. A Schônebeck, où l'on brûle aussi du lignite, elle est de 30 p. 100. Cependant, il faut considérer que ces appareils sont isolés. Une usine qui en contiendrait plusieurs pourrait économiser beaucoup plus, d'abord, parce que les générateurs et les compresseurs fonction-

neraient dans de meilleures conditions, ensuite, parce que l'on pourrait employer la vapeur d'éChappement à faire des effets multiples. Je supposerai donc que l'économie peut être de 50 p. 100, c'est-à-dire qu'on pourrait faire 4`,4 de sel avec une tonne de houille.

Les frais de main-d'oeuvre et d'entretien et les frais généraux étant à peu près les mêmes que pour le cas du moteur hydraulique, on a: P=

+

Pour c = 30 francs, le prix de revient serait de 4,30 seulement inférieur à ce qu'il est avec les poêles, et encore, comme je l'ai dit plus haut, il y aurait lieu de laisser une marge pour l'excès des frais de main- d'oeuvre et d'entretien.

En résumé, nous voyons que l'économie de combustible réalisée par l'appareil Piccard sur la consommation des poêles est en grande partie compensée par le supplément d'amortissement du capital engagé. La lutte entre les deux appareils commence lorsque le prix de la tonne de houille, ou de la quantité de combustible équivalente, est supérieur à 8 francs, mais l'appareil Pice,ard ne pa-

rait avoir un avantage incontestable qu'au delà de 15 francs. Quant à l'appareil avec moteur à vapeur, il