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LES SALINES ET LES PUITS DE FEU
sence amena les premiers travailleurs. Quand cette source fut insuffisante, les sauniers songèrent à en créer d'autres par le forage.
Présentement, dans les pays de salines, les Chinois creusent à peu près au hasard, Un des auteurs du Yenfa-tche dit très gravement qu'il suffit de sentir l'odeur de
l'herbe poussant à l'endroit où l'on veut creuser pour savoir immédiatement si le forage donnera du sel ou du gaz, ou rien du tout : c'est une des nombreuses preuves qu'il donne de ses connaissances scientifiques. Généralement les capitalistes ne se risquent à forer un puits que dans les environs de puits productifs. Les considérations spéciales qui les guident ensuite sont tirées de la direc-
tion des collines, de la déclivité des coteaux, mais la science n'a rien à y voir, et l'on ne se dirige que d'après des dictons populaires sans valeur réelle. Avant de procéder au forage proprement dit, il faut établir à la partie supérieure un orifice solide, capable de supporter des frottements multipliés. On creuse donc préalablement, comme pour les puits ordinaires, une ou-
verture de quelques pieds de diamètre. Tant qu'on ne rencontre que de la terre, les Chinois se servent pour piocher d'une sorte de houe dont le fer est plus court, plus étroit et plus fort que la houe de culture. Si la terre est mêlée de cailloux ou trop résistante, ils ont un pic simple.
La terre Ou les cailloux sont tirés avec la houe dans des espèces de paniers do bambous en forme d'oiseaux,
et les ouvriers transportent le déblai dans ces paniers suspendus aux extrémités d'une palanche. Ce mode de
transport est employé pour tous les terrassements, parce qu'il permet de ne pas tenir compte des accidents
de terrain qu'il faudrait aplanir pour se servir de la brouette et de la pelle, connues des Chinois. La routine
y est aussi pour beaucoup, car en bien des endroits,
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DE LA PROVINCE DU SE-TCHOAN.
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sans travail de route à établir, la brouette serait bien plus expéditive. Quand la profondeur augmente, on installe à l'orifice un treuil semblable aux nôtres, avec un panier qui sert à monter la terre. Dès que l'on rencontre la roche, ordinairement assez tendre dans les couches supérieures, les tailleurs de
pierre s'arment de leurs marteaux et d'une sorte de poinçon ou trépan à pointe pyramidale quadrangulaire
pour continuer ce puits préliminaire. Aux Grandes Salines, on pousse ordinairement ce premier puits jusqu'à une profondeur de 10 tchcmg (33 mètres), l'expérience ayant prouvé qu'avant cette profondeur la roche est trop tendre pour supporter de nombreux frottements, et trop perméable pour ne pas se laisser pénétrer par les eaux de pluie, ce qui amènerait des éboulements. L'orifice supérieur du puits est ensuite établi par un travail supplémentaire en pierres plus dures et imperméables qui, bien cimentées, donnent un long tube résistant. La
1, Pl. XIII, donne une idée de ce travail. Trois ouvriers, imitant leurs ancêtres, ont résolu un problème de mécanique en portant avec deux bâtons une de ces pierres carrées, de deux à trois pieds de côté où l'on a préalablement taillé un trou circulaire de 8 à 9 pouces (26 à 30 centimètres) de diamètre. Arrivée au puits, elle est suspendue au crochet d'un rustique levier formé de troncs d'arbres à peine dégrossis, tandis que quelques fig.
ouvriers pèsent sur la grande branche du levier. Ce système permet d'ajuster très facilement la pierre sur la précédente. A mesure qu'on place ces pierres tubulaires, un ouvrier remplit le vide entre leurs bords et ceux du premier puits par un assemblage fortement tassé de terre et de cailloux. Après la complète installation de ce 'tube en pierre commence le véritable forage. Les environs du puits se