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LE GRISOU AUX MINES D'ANZIN. 1810-1892.
On le reconnaît de trois manières
LE GRISOU AUX MINES D'ANZIN. 1810-1892.
par l'odorat,
c'est-à-dire par la gêne que l'on éprouve dans la respira tion, par le bruit, ou enfin lorsqu'il se montre sur le lumion de la chandelle. Mais il faudrait être plus habile que ne le sont dans cette partie la plupart des mineurs pour reconnaître à ces seuls indices les lieux où il est assez abondant ou non pour s'enflammer. Quoique ayant visité beaucoup de lieux où ce météore
existe, je n'ai pas encore eu le malheur de le voir en grande explosion, mais bien plusieurs fois en petites; 'voici quelques singularités que j'ai remarquées tant par moi-même que par ce que j'en ai entendu dire par les autres. Des personnes instruites veulent que plus le grisou mène de bruit, plus il est dangereux ; parce que, disentelles, c'est en se dégageant qu'il occasionne ce bruit, et plus ce bruit est fort, plus la quantité de gaz qui se dégage est grande ; donc il est d'après cela plus dangereux. D'autres personnes, et ce sont celles qui le voient le plus souvent, prétendent que ce n'est pas quand le grisou fait beaucoup de tapage ressemblant tantôt à une averse de pluie, tantôt au bruit des ailes d'une ruche entière d'abeilles en insurrection, tantôt au bouillonnement de l'eau, tantôt enfin à un petit bruit plaintif assez ressemblant au coassement des grenouilles, etc., etc., qu'il y a le plus de danger ; que c'est au contraire quand on ne l'entend plus qu'il devient davantage à craindre, parce qu'alors s'il arrive une explosion, elle est plus forte.
On a vu plusieurs fois dans le charbonnage
de
Mons, par une grande explosion, le grisou remonter de-
puis le fond de la fosse jusqu'à la surface du sol, incendier la machine à molettes et brûler les hommes et les chevaux qui se trouvaient dedans. Quelquefois, on l'a vu aussi, après être monté à la surface de la terre, s'étendre dans quelques sillons de terres environnant le
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terri, sans avoir causé le moindre mal aux ouvriers du fond ; mais ceci n'arrive que très rarement et plutôt en été qu'en hiver. « On a également vu plusieurs fois des ouvriers qui, s'étant trouvés près du tourbillon de flammes du grisou, quoique n'ayant été que peu ou point brûlés, parce qu'ils
avaient eu la précaution de se jeter ventre à terre,
avaient, sur leurs vêtements de toile de lin, une infinité de trous ronds (occasionnés, je pense, par les étincelles) depuis la plus petite dimension jusqu'à la largeur de 3 ou 4 millimètres. Une remarque que j'ai faite bien souvent, c'est que jamais le grisou ne s'enflamme sans explosion et telle petite que fût la flamme elle était toujours spontanée. Je l'ai vue plusieurs fois n'avoir pas plus de la largeur de la main, parcourir avec la vitesse de l'éclair quelques toises sur le rotonnage ou dans le quernez de la galerie, puis tout à coup s'éteindre : dans ce cas, il n'y a rien à craindre. Mais quand cette flamme se porte à la partie supérieure de la taille ou galerie (et c'est ce qui arrive le plus ordinairement), c'est alors qu'il y a du danger, surtout lorsqu'en s'éteignant il détone avec vent. Ce vent est quelquefois si impétueux qu'il fonce les fenêtres d'aérage à contresens de leur ouverture, les brise en morceaux et renverse tout ce qui se rencontre sur son passage, même les molettes de la machine, qu'il emporte au loin dans les terres environnant la fosse. « Quel que soit le volume de la flamme, elle est toujours nuancée de plusieurs couleurs qui s'entremêlent et se croisent réciproquement et continuellement sans que l'une d'elles ait l'apparence de se fondre dans une autre. Mais le
peu de durée de ces explosions et la situation
dans laquelle on se trouve lorsqu'elles ont lieu ne donnent pas le loisir de faire des remarques rigoureusement ,exactes.