Annales des Mines (1892, série 9, volume 2) [Image 123]

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LE GRISOU AUX MINES D'ANZIN. 1810-1892.

LE GRISOU AUX MINES D'ANZIN. 1810-1892.

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mencement du siècle absolument rudimentaire. Le rouet à silex (") (steel mill and flint), inventé en Angleterre vers 1756, n'avait donné que de mauvais résultats et était abandonné depuis longtemps. Le mineur de 1811 faisait usage d'une chandelle en-

que le peu de ces lampes que l'on a employées ont toujours été placées à une distance respectable du lieu où le dégagement s'opérait (nous voulons dire de la taille), que rarement on allumait plus de deux ou trois mèches à chaque lampe et qu'aujourd'hui même on n'en tient que deux en tout, savoir : une à deux becs au Chaufour et

fixait au boisage. On discutait alors gravement les avantages que pouvait présenter au point de vue du grisou la substitution de la bougie à la chandelle. « On n'a point encore fait, lisons-nous dans un rapport, l'essai de l'emploi des bougies ; cependant on croit qu'elles seraient bonnes parce que leur flamme est moins vacillante et moins longue que celle des chandelles. » C'est aussi vers cette époque que la Compagnie d'Anzin fut amenée à essayer l'emploi des lampes « à six becs » décorées alors du titre de lampes à grisou, plus connues dans l'histoire des mines sous le nom de lampes éter-

une à trois becs au Retour-Lomprez ; encore celle-ci n'estelle allumée que depuis peu. On n'a pas tenu un plus grand nombre de ces lampes

castrée dans un morceau de bois à pointe de fer qu'il

nelles.

On désignait ainsi des feux placés à poste fixe au toit des tailles ou des galeries pour consumer le grisou au fur et à mesure de son dégagement sans lui permettre d'atteindre dans l'atmosphère une proportion dangereuse. Ce moyen était extrêmement dangereux, on le conçoit sans peine, et les lampes à grisou ne répondirent pas au but que l'on se proposait. Laissons d'ailleurs à l'auteur dont nous avons déjà

parlé, M. Boissau, vérificateur, le soin d'en faire

le

procès.

« On croit peut-être que l'on emploie les lampes que la Compagnie a fait acheter pour préserver du grisou les ouvriers au fond de la mine ; il n'en est rien. Les essais que l'on a faits de ces lampes se bornent à zéro, attendu (") Il existe, je crois, un seul modèle de ce curieux appareil; il se trouve au musée de Newcastle.

allumées parce que, nous le déclarons, elles ne paraissent nullement préservatrices, et quand elles auraient cette propriété, l'emploi en est impraticable, et nous allons le démontrer.

Elles ne sont point préservatrices parce que le gaz, en telle petite quantité qu'il soit, ne s'enflamme jamais que spontanément. Mais admettons qu'elles soient préservatrices. Comment les placerait-on pour s'en servir? L'inventeur de ces lampes dit lui-même que, si on pose la lampe trop loin de l'endroit où se fait le dégagement, il est cer-

tain que son action sur le gaz sera moins forte et que les lumières qui pourraient se rencontrer entre le lieu de dégagement et la lampe pourraient aussi l'enflammer;

c'est d'ailleurs ce qui vient d'être prouvé par deux explosions arrivées, le 31 mars dernier, à la fosse du RetourLomprez, où le grisou s'est enflammé à 8 et à 18 mètres

de distance de la lampe entre cette même lampe et la taille.

On sait par expérience que c'est à front de la taille, c'est-à-dire à la pointe de l'outil de l'ouvrier, que le principal dégagement s'opère, puisque le grisou y prend feu

plus de dix fois contre une ailleurs. On sait aussi que chaque mineur a indispensablement une lampe pour s'éclairer, et que cette lumière se trouve toujours plus près que la lampe du lieu où s'opère le dégagement, à moins