Annales des Mines (1893, série 9, volume 4) [Image 126]

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NOTE SUR L'EXPLOSION DE GRISOU

du côté du Treuil furent repris le 5 janvier 1892. Dès le 8, les éboulements du travers-bancs du mur étaient, sinon entièrement relevés, du moins rendus praticables, et le 9 les cadavres antérieurement reconnus dans l'écurie étaient enlevés. Mais le plan Pataud était inaccessible à cause du mauvais air ; il fallut relever entièrement les éboulements au travers-bancs du Treuil. Ce travail venait d'être achevé,

lorsque, dans la nuit du 11 au 12, on constata que l'air du plan Pataud était respirable. On put , dès lors , s'y engager et le corps de la dernière victime qui restât dans la mine fut trouvé à 30 mètres du sommet du plan ; sa lampe, qui fut relevée auprès d'elle, soumise à plus de cent essais dans une cloche Marsaut , n'a jamais laissé passer de flamme : elle ne pouvait donc être incriminée. On était alors parvenu aux barrages que chacun soupçonnait être le point d'origine de l'explosion. 4° Constatations au sommet du plan Pataud.

- Le lende-

main une reconnaissance détaillée permit de constater les faits suivants.

Deux barrages se trouvaient de part et d'autre du sommet du plan Pataud. Le barrage dé droite était froid et intact ; le barrage de gauche était chaud et complètement éventré dans sa partie supérieure, sur 8 mètres de

long et 1 mètre de haut; le barrage avait été crevé du dehors au dedans ; les bois qui soutenaient le barrage n'avaient pas été placés jusqu'au toit, la terre s'était tassée, et le barrage, à son sommet, ne devait avoir que quelques centimètres d'épaisseur (Pl. I, fig. 4 à 7). Des vêtements brûlés près du barrage de droite, des affiches également brûlées dans une petite niche au sommet du plan, de nombreuses exsudations résineuses sur les bois témoignaient du passage des flammes ; mais en

ce point , on ne constatait aucun éboulement, aucun désordre mécanique appréciable.

SURVENUE AU PUITS DE LA: MANUFACTURE.

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A partir de ce sommet du plan Pataud, et sur les 50 ou 60 premiers mètres en descendant le plan, on ne trouvait non plus aucun désordre: la galerie était en parfait état ; un peu plus loin, toujours dans le sens de la pente, se trouvaient de petits éboulements , plus loin encore des éboulements plus considérables, dans l'écurie un mur de 1 mètre d'épaisseur renversé du dehors au dedans ; et

enfin au delà dans le travers-bancs commençaient les éboulements qui, par leur étendue, avaient si longtemps arrêté les travaux. Ainsi, donc, le travail destructif de l'explosion était allé en croissant du sommet du plan vers sa base.

En suivant la galerie qui joint la tète du plan Pataud à la base du plan Manet, voici ce qu'on observait : une porte, placée au voisinage des barrages, était restée en place ; un premier convoi de bennes vides, placé près de la porte, était en ordre; 6 mètres plus loin, un convoi de bennes pleines était dans le même cas, tandis que, 17 mètres au delà, 6 bennes sur 9 d'un convoi de bennes pleines étaient déraillées ou culbutées; plus loin encore, un convoi de bennes vides avait été chassé vers le plan Manet, comme l'attestait la présence, en arrière, de deux cercles de benne ; presque toutes les bennes de ce convoi étaient brisées, culbutées et enchevêtrées les unes dans les autres ; puis , au delà, les éboulements commençaient de plus en plus considérables ; enfin au sommet de ce plan, resté inabordable, mais visible par les travaux de la Manufacture, une benne avait été lancée en remontant et était venue s'encastrer, l'axe horizontal, dans la charpente du frein. Il était ainsi démontré que les ravages mécaniques de l'explosion s'étaient propagés dans une direction divergente et avec une intensité croissante à partir des barrages placés au sommet du plan Pataud ; c'était donc là que se trouvait le point de l'inflammation première.