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ÉTUDE SUR LA COMPOSITION DU GRISOU
ÉTUDE SUR LA COMPOSITION DU GRISOU
Il est possible que l'air soit intervenu 'autrement, d'une façon moins directe, dans la composition du grisou; il a pu s'introduire dans ce gaz avec le concours de l'eau. De l'eau chargée d'air a pu, dans certaines conditions, abandonner au grisou les gaz (*) qu'elle tenait en dissolution. On s'expliquerait ainsi que clans le grisou le taux d'argon
Au reste, l'argon du grisou ne vient pas inévitablement de l'air. Où est la source de l'argon sur notre globe ? On l'ignore. Peut-être en existe-t-il dans les profondeurs des réserves capables de le diffuser autour d'elles. On sait que M. Bouchard et M. Troost en ont trouvé, avec de l'hélium, dans les eaux minérales de Cauterets (*) ; puis, M. Ch. Moureu l'a signalé, encore avec de l'hélium, dans les eaux de Maizières (**); ainsi l'argon paraît généralement répandu dans les régions souterraines, comme il l'est dans notre atmosphère ; à ce point de vue, des dosages d'argon sur les gaz si variés qui se dégagent du sol pourraient fournir des -vérifications d'un haut intérêt.
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pour 100 d'azote et argon s'élevât au-dessus de 1,19,
chiffre correspondant à l'azote de l'air; car, pour les deux gaz dissous dans l'eau, le même taux est voisin de 2,7 (*") et, en des circonstances particulières de pression et de température, peut être susceptible d'atteindre le chiffre de 3,28 cité plus haut (*"*). Il semblerait, en tout cas, bien naturel que l'eau, qui occupe une si grande place dans l'histoire de la houille, eût effectué des échanges gazeux avec le grisou. Elle formerait ainsi cette liaison, assez
souple d'ailleurs, dont nous constations tout à l'heure l'existence entre l'azote et l'argon. qui concerne le rapport de l'argon à l'azote, n'aurait pas subi de changement appréciable. Il faut ajouter, pour être complet, que le grisou du Plat-de-Gier avait été capté aussi dans une région d'une sécheresse absolue.
(*) L'oxygène de ces gaz aurait disparu, absorbé, comme on le sait, par la houille. (**) J'ai trouvé qu'a 23°,5 le rapport de la solubilité de l'argon dans l'eau à la solubilité de l'azote pur était à très peu près 2,3. Dans l'air normal, il y a 1,01,19 d'argon pour 100 d'azote et argon ; l'eau saturée d'air argon
doit donc donner: azote pur argon
2,3
1,19 1,19 0 0277 -1- 0,0217
100
0,0211, d'où
azote + argon (***) Quand on trouve un taux d'argon inférieur à 1,19 (on a obtenu pour le grisou de Ronchamp 1,09), on peut supposer qu'il s'est mêlé, clans le grisou, à l'azote atmosphérique un peu d'azote provenant des matières végétales. Quand on trouve un chiffre supérieur à1,19, on peut supposer qu'il s'y est mêlé plus ou moins d'air avec de l'argon et de l'azote dégagés de l'eau; il n'est guère à supposer que de l'azote libre se soit absorbé. Notons encore que, dans les temps anciens, le taux d'argon atmosphérique différait peut-être de 1,19; notons, enfin, que la pénétration de l'azote et de l'argon dans le grisou est un phénomène qui peut s'accomplir actuellement par le moyen des eaux d'infiltration susceptibles de circuler lentement dans les massifs de houille. 1
CONCLUSIONS GÉNÉRALES.
1° Dans le plus grand nombre des cas, on a trouvé que la partie combustible du grisou consistait simplement en méthane. Il est arrivé pourtant aussi qu'elle comprît un peu d'hydrocarbure étranger, par exemple de 2 à 4 p. 100 d'éthane. 20 On a toujours rencontré de l'argon dans le grisou ;
il y en a aussi dans le gaz de Rochebelle. L'origine de cet argon et de là plus grande partie, sinon de la totalité, de l'azote, doit sans doute être placée en dehors des matériaux de la houille. Quoi qu'il en soit des hypothèses qui
ont été indiquées pour expliquer leur présence et leur proportion relative, hypothèses auxquelles je ne m'attache pas beaucoup, il reste, quant à ces deux gaz, un certain
nombre de faits bien établis par les recherches qui viennent d'être rapportées ; il reste des déterminations numériques précises dont les géologues tireront peut-être quelque parti. (*) Comptes Rendus de l'Académie des Sciences, 2° semestre 1895. (**) Comptes Rendus, t. CXXI, p. 819.